[Envoûtée]

Je suis souvent à court de mots, quand on approche Benedict d’une façon ou d’une autre, et souvent revient presque toujours à dire…Tout le temps.

Je ne sais pas précisément comment expliquer ce qui se passe, et de quelle façon cela se passe, mais plus j’avance, et plus j’en découvre, et plus je suis désarmée d’une façon qui ne m’est pas commune du tout. J’essaie d’expliquer, mais je ne sais pas comment est-ce que je pourrais réussir à qualifier quelque chose qui m’échappe tant que cela, qui me laisse sans voix, au bord des larmes presque à chaque fois.

Très curieusement, moi qui suis plutôt du genre à aimer les mots et à m’en envelopper, et surtout, à m’en servir pour détailler les choses quand elles arrivent, comme elles arrivent, et comment je les vis, me retrouve dans la situation un petit peu incomfortable où je tourne et retourne mon dictionnaire des synonymes, et ne parvient pas à trouver le mot qui marche, celui qui va correspondre, celui qui va qualifier précisément le pourquoi et le comment. Anglais ou français, je suis perdue.

Depuis que j’ai réalisé et assumé que cet homme-là, dans son immense talent, allait peut être pouvoir prendre un peu plus d’importance dans mon existence de curieuse artistique sans cesse insatisfaite, je n’ai cessé de faire preuve d’une très grande prudence, de peur d’assecher l’incendie à peine déclaré. Il se trouve qu’en fait, se jouant de mes peurs et de mes prudences, il s’amuse à me prendre par la main- dans ce cas précis, par le coeur où l’âme, c’est selon-et à me montrer comme je peux laisser tomber mes résistances, et comme j’ai peut être enfin mis la main sur l’acteur qui réussit à cent dix pour cent à venir chercher les émotions rangées là dedans à double tour. Et de film en film, de série en série, de performance en performance, sans jouer à n’importe quel jeu de fans et sans chercher à pulvériser un record, il se trouve qu’il me rend complètement chèvre, totalement boulversée, absolument fascinée, ça tient de l’envoûtement, de l’hypnotisme, du pouvoir magique d’un magnétisme qui dépasse largemment l’entendement.

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Ce soir, c’était la première partie de Parade’s End (devenu pour le coup six épisodes au lieu de cinq, ce qui m’a un peu perturbé, mais n’est pas un choix artistique si mauvais), qui m’avait déjà tellement fascinée, tellement retournée la première fois, et qui, hasard de calendrier hormonal, ou fatigue, ou simplement le pouvoir de l’acteur principal, m’a laissée une nouvelle fois encore plus à bout de souffle, à court de mots, hors d’haleine ou de pensée. En larmes. Parce que mon mode d’expression favori, ce sont les larmes, et quand les choses me dépassent, quand elles me poussent à bout d’émotions, elles sont fidèles et elles permettent de faire ressortir la masse de sentiments qui a été générée.

Et Benedict Cumberbatch est mon générateur de sentiments le plus puissant, le plus parfait, au point d’en être presque trop, presque trop bien, presque trop parfait, presque trop fort. Il me touche. Il me touche au point de se métamorphoser en raz-de-marrée de talent, en tornade de performance d’acteur, en tsunami de puissance qui me rend totalement toute petite, minuscule, contemplative face à ce grand, cet immense acteur qui n’a pas cru suffisant de voler mon coeur, il est en train de s’emparer de mon âme toute entière. Je suis déconnectée, complètement ailleurs quand il est là, peu importe son rôle, peu importe sa forme, peu importe son support, peu importe quel est l’enjeu, il reste, demeure, et s’installe comme étant cet être extraordinaire qui est capable de faire de tous ces personnages des entités qui vont me hanter longtemps après, et probablement, pour ceux qui ont été les plus percutants, ne jamais cesser de me posséder, et me plonger dans une abysse sans fond qui est aussi puissante, profonde, effrayant et prenante que belle, comme une sorte d’île, d’isolation complète pour ne rester concentrée que sur lui, qu’il soit blond, brun, roux. Et quoiqu’il se passe, qu’importe la période représentée, même si de prime abord je sens que le style va me faire sourire, dès qu’il apparaît, il irradie tellement, il redevient cette espèce d’incarnation de la beauté telle que je n’aurais oser la rêver. Il est forcément magnifique. Comme une évidence.

Alors ce soir encore, je suis toute petite, contemplant la plus brillante et la plus irradiante de toutes les étoiles de mon ciel,  et je me dis que dans le fond, malgré tout, d’avoir été attirée dans son orbite reste probablement une des plus belles choses qui me soit jamais arrivé, et que je suis immensément fière et forte de cette puissance communicatrice qui vient de ce mec extraordinaire…Qui, décidément, sort de l’ordinaire.