[review] Gravity.

Cet article contient des spoilers. Si vous n’avez pas vu le film, veuillez suivre les instructions suivantes : levez-vous (ne pas tenir compte si déjà debout), mettez chaussures et veste (il fait frisquet en ce moment), attrappez sac à main et/ou portefeuille avec moyen de paiement à hauteur de dix euros. Tout bon ? Les étapes à suivre sont capitales. Sortez de chez vous (ne pas tenir compte si déjà debout), utilisez un moyen de transport terrestre (au choix : vos jambes, votre voiture, un bus, un taxi, une moto, une mobylette, un vespa, un camion, un van VW avec des fleurs, une mystery machine, un tracteur, un vélo, un velib, des rollers, une patinette customisée, un skate board, un poney, un cheval, un éléphant) le plus rapide qui puisse vous rendre sans encombres et rapidement jusqu’au premier cinéma qui vous tend les bras (la nature de celui-ci importe peu). Vous y êtes ? Entrez. Demandez à la dame (ou au monsieur) un ticket pour la prochaine séance de Gravity. Suivez les instructions données par la dame pour rejoindre la salle. Si possible, choisir un format IMAX ou 3D. Dans la salle, choisissez un siège au milieu, dans une rangée ni trop près ni trop loin de l’écran. Voilà. Si faim, vous avez à votre disposition des boissons et confiseries (mais dans ce cas-là, il fallait prendre plus que dix euros parce que ça coûte cher ces conneries). Dans un laps de temps relativement court, les lumières vont s’éteindre. Pas de panique. Des images vont défiler sur l’écran, ne pas bailler. Ou au moins essayer. Ce sont des pubs. Ensuite, des bandes annonces. Avoir envie d’en voir plus est normal. Enfin, un logo warner en noir et blanc : il est temps de mettre les lunettes si séance 3D. Dans approximativement une heure et demie, votre conception de ce qu’est une expérience visuelle cinématographique aura complètement changé ET vous pourrez me lire sans problèmes.

 

Que ceux que l’espace ne fascine pas d’une façon ou d’une autre lèvent la main. Z’êtes pas des masses, hein ! L’univers, dans son immensité qu’on ne parvient pas ni à quantifier ni à expliquer, a un pouvoir d’attraction immense chez l’être humain, et c’est tout naturellement que les arts, des plus primaires aux plus modernes, se sont penchés sur la question depuis toujours. Ce qui a donné des générations de fans de space opéra, des dizaines de films catastrophes, et, ici et là, quelques chefs d’oeuvres visionnaires ou simplement puissants. Mes deux plus fortes références, celles qui m’ont laissée pantoise et ivre, Apollo 13 et 2001, l’odyssée de l’espace, auraient pu se rencontrer et avoir un enfant prodige : Gravity. Et le rejeton surpasse ses illustres parents de tellement de façons qu’on s’étonne que les gens quittent la séance sans un mot à la fin du film, parce qu’on a l’impression d’avoir vécu une telle expérience boulversante, sidérante, éreintante, qu’on a presque envie de partager les impressions des autres pour calmer cette sensation presque étouffante.

 

Gravity n’est pas un film. C’est une expérience. Ce n’est pas une claque, c’est le coup de boule de Zidane. Ce n’est pas une réussite, c’est un chef d’oeuvre.

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Réalisé par : Alfonso Cuaron

Avec : Sandra Bullock, George Clooney, Ed Harris, Orto Ignatiussen.

Le pitch : Ryan Stone (Sandra Bullock), ingénieur médical de métier, et dont c’est la première mission dans l’espace sous le commandement de Matt Kowalski (George Clooney), un spationaute chevronné qui vit cette dernière mission avant la retraite, vont essuyer une pluie de débris lors d’une sortie pour maintenance technique du téléscope qui va faire tourner leur mission à la catastrophe.

Score : Steven Price.

 

 

Dès les premières secondes, l’immersion est absolue. Cuaron, dans son génie, ne s’encombre pas de détails. On ne récupère pas les grands classiques du film d’astronautes : la vue globale du centre spatial, les logos de la NASA gros comme des vaches, les décomptes du décollage, le plan d’ensemble sur Houston qui n’en mène pas large, le détour évident par l’oeil brillant du mari ou de la femme qui se demande si il ou elle n’est pas déjà veuf…Non. Cuaron nous plante une vue stupéfiante de la terre, dans un silence assourdissant, et la moitié de la salle a oublié son pop corn pour se retrouver bouche bée devant le spectacle.

 

Les bouches ne se fermeront plus pendant 100 minutes. Moi qui suis quand même une accro des trucs de dingue et des moments de bravoure du futuroscope, je n’ai pas resseré ma machoire un seul instant. Je me suis laissée prendre au jeu et j’en ai pris plein les yeux. Ce film a coûté cinq ans à Cuaron, et on sait dès les dix premières minutes que c’est le chef d’oeuvre d’une vie.

 

Mais le plus beau du film, c’est qu’il ne se limite pas à son extraordinaire prouesse technique, ce qu’on aurait pu craindre dans un premier temps. Absolument pas. Il y a un scénario parfaitement écrit, les personnages sont construits comme des silhouette de cristal, fluides et fragiles, et les temps du film mêlent urgence, horreur et émotion dans une tresse orfèvre, ou chaque brin est minutieusement lié aux autres tour à tour pour que le résultat soit époustouflant et immensément vrai. La tension ne retombe pas une seule seconde, depuis les premières images sidérante jusqu’au générique de fin, qu’on dévore jusqu’au bout parce qu’on n’est pas certain de parvenir à tenir debout après pareille épreuve.

 

Le moins qu’on puisse dire de Ryan, c’est qu’elle va vivre une journée de merde. Elle va enchaîner la poisse la plus fondamentale à une malchance déroutante, elle même prise dans un karma capricieux. C’est un personnage très fort, très posé, très calme, et pourtant, Sandra Bullock parvient à la rendre immensément attachante même sans débordements de pathos, juste parce qu’elle se bat jusqu’à la toute dernière seconde pour inverser le sort et retourner toutes les situations qui la voulaient perdue. Le personnage de Clooney apporte une touche d’humour chaleureuse, et un relan d’humanité d’une puissance folle dans un lieu aussi deshumanisé. Même si il n’est présent que dans la première partie du film-et une scène magique de la seconde-cela reste un de ses plus beaux rôles et un des plus boulversants. Son dialogue clownesque avec Houston, les habitudes de travail qui normalisent presque ce boulot hors du commun qu’est le sien, ses anecdotes que tout le monde connaît, son envie de battre ce fichu record de sortie dans l’espace, tout le rend profondément adorable, même en second plan, alors qu’au premier, Ryan se débat avec la technologie qui a décidé de lui jouer un sale tour.

 

Un des beaux tours de forces scénaristiques de Cuaron est l’omni présence des difficultés de la vie dans l’espace, qui retire cette pellicule de presque glamour que les autres films défendent toujours un peu. Dès le début, Houston signale à Ryan que sa température et ses battements cardiaques sont bas, qu’elle consomme trop d’oxygène à cause de son angoisse latente, elle mentionne le mal de l’espace, on sent bien que notre héroïne serait bien mieux sur le plancher des vaches, au contraire de Matt qui joue au grand huit au deuxième plan et qu’on voit passer dérrière elle gai comme un cabri, parfaitement à l’aise dans son métier. Quand Ryan, traversant la pluie de débris qui l’envoie se perdre au fin fond de l’espace, ne cesse de tourner, on se sent nauséeux avec elle, dans son casque, à voir cette boule bleue qui ne cesse d’apparaître et de disparaître de notre champs de vision, comme une promesse de retour de plus en plus incertain. Cuaron ne fait pas que priver ses acteurs de gravité, il joue avec la nôtre aussi.

 

Les premières qualités humaines et professionnelles hors normes de Matt se dessinent ici, lorsqu’il ne laisse pas Ryan paniquer toute seule, la force à se repérer, à lui donner des points importants, et, finalement, il revient la chercher comme si ce n’était rien, comme si c’était la routine de venir récupérer les jolies ingénieurs qui font du stop sur la voie lactée. Jamais, pas un seul instant, même lorsque la gravité de la situation est infernale, il ne perd son sang-froid, son humour et son charme, forçant Ryan à se surpasser pour lui sauver la vie. Matt est un héros au sens presque viscéral, tels que la littérature les veux depuis toujours, quelqu’un qui se met en retrait pour sauver la vie des autres, et le fait avec un panache foudroyant. C’est simple de grincer des dents quand quelqu’un se sacrifie, au cinéma, de le voir trop bon pour être vrai, mais dans le cas de Matt Kowalski, sa décision de venir se perdre lui plutôt que se laisser Ryan mourir n’est pas fruit d’une longue reflexion ou d’un terrible dilemme. C’est un appel du coeur, ça vient de ses tripes. Et pendant qu’il détache le lien qui le maintenait à Ryan, il lui explique avec le plus puissant des calmes qu’elle va s’en sortir, qu’elle connaît la solution, qu’elle doit le faire. Perdus à des centaines de kilomètres de la terre, l’humanité vient de se dépasser, toute entière cachée derrière Matt, comme si, dans cet enfer de silence, Cuaron voulait continuer d’y injecter un espoir fou et un message magnifique. Et alors que Ryan voit Matt dévier, continuer de s’amuser d’une situation qui lui sera funeste, et qu’elle tente de lui faire des promesses de sauvetage qu’elle ne pourra pas tenir de toutes façons, on se range dérrière elle et on se prend à y croire, parce qu’il n’a pas pu se sacrifier pour rien. C’est impossible, insurmontable. Et dans ma bouche grande ouverte, j’ai senti un goût salé.

 

Ryan est maintenant seule. Les autres astronautes sont morts, percutés par des débris ou congelés dans la station spatiale qui a subi des dégats incalculables.Et c’est là que le tour de force de Sandra Bullock prend toute sa puissance. Elle est seule, et elle tient le film à bout de bras avec une force surhumaine, probablement héritée de l’être humain qu’elle vient de perdre, peut être aussi de ceux qu’elle a perdu avant.

 

Cuaron aime son actrice, et il la magnifie quand même dans pareilles circonstances. Lorsqu’elle retire sa combinaison, encore boulversée de ce qui vient d’arriver, et se retrouve en débardeur et shorty, cheveux courts, sans maquillage, elle est magnifique. Cuaron la dévisage et la mange de la caméra, amoureux évident, et l’instant de flottement qu’elle se permet avant d’enrager à nouveau est un instant de sublime.

 

Mais il ne s’attarde pas dessus, et préfère explorer son sujet plus encore, dans la panique, dans l’espoir, et dans ce silence. Ryan tente de joindre Matt, hurle, lui demande de répondre, appelle Houston, mais personne ne répond, et elle meuble ce silence terrifiant d’une façon touchante, se parlant à elle même, s’aboyant des ordres venus d’un subalterne perdu depuis longtemps. Cependant, la lumière de Matt ne la quitte pas, dans aucune des épreuves qu’elle va traverser lorsque le feu ravage la station, lorsque le parachute de la capsule se bloque en plein milieu d’une nouvelle averse de débris, lorsqu’elle tente de rejoindre la sation chinoise. Tout le temps.

 

Dans cette capsule en forme de tombeau, alors que rien ne fonctionne, et qu’on subit autant qu’elle l’évidence de cette fin proche, Cuaron continue de nous offrir de l’humanité. Ryan capte une fréquence qui l’entend peut être, une fréquence qu’elle identifie comme terrestre parce qu’il y a des aboiements, une langue inconnue, un bébé, une berceuse. Elle parle à cette fréquence comme si elle parlait au monde, elle aboie avec les chiens, elle fait sa propre oraison funèbre, et du haut de nos sièges, renversés, on meurt un peu avec elle. Elle ferme les yeux, baisse l’oxygène, demande la berceuse. Coup de génie technique de la 3D, une goutte de ses larmes éclate virtuellement sur nos lunettes, et on retrouve le liquide sur nos joues, comme si la technologie avait réussi un petit miracle.

 

Tout le long, l’exceptionnelle bande originale de Steven Price, poignante, urgente, puissante, terrifiante, humanisante et deshumanisante tout à la fois, extraordinaire de nuances et de retenue, nous accompagne dans ces émotions immenses comme on ne les attendaient pas dans pareil film. Et pourtant.

 

Une grande lumière. On a perdu le fil du temps, de la vie, la logique de l’espace, et on retrouve notre Matt bien à nous, inondés de cette joie immense, qui, cabot, trouve la vodka promise cachée sous un siège, annonce que sa survie est toute une histoire, et montre à Ryan qu’elle a une solution de repli, que quelque chose brille d’un espoir, encore. Et en tant que spectateur, presque acteur tertiaire envoyé là haut pour les assister sans bruits, on sait que quelque chose cloche, que c’est impossible, et pourtant, on s’accroche de toutes nos forces à la possibilité d’une possibilité.

 

Cuaron nous offre alors ici un moment onirique, un moment où la conscience seule, déclinante, de Ryan, a ramené Matt à la vie, preuve définitive qu’avec son humanité, elle est partie avec son expérience aussi. Matt, c’est la vie. Il force Ryan à se secouer, il analyse en un clin d’oeil son attitude en perdition, et il la fait revenir à la vie. Et elle brille à nouveau par son espoir à lui, sa vie à lui, sa force à lui, couplée, enfin, à la sienne. Elle trouve la solution, elle parle à la station Chinoise, elle parle à Matt, elle parle à sa fille perdue, elle parle à la terre, elle parle à l’humanité entière, elle s’adresse à l’essence même de la vie en refusant son sort, et en persistant même si tout l’en empêche. Et elle ruse. Et on la suit, et on la pousse, et on veut, plus que tout, comme si tout dépendait d’elle, comme si elle avait la terre au creux de sa main, et on prend chaque nouvel obstacle en pleine tête, et on subi son épuisement, et pourtant, on continue d’y croire, on ne lâche rien parce qu’elle ne lâche rien et parce que Matt ne lâchait rien, et les dernières minutes de film sont plus éprouvantes qu’un marathon parce que toutes ces émotions, tous ces moments d’humanité accumulés les uns derrière les autres sans relâche tout le long sont en train d’imploser, telle la capsule chinoise de Ryan qui perce l’atmosphère et hurle son retour sur terre absolument. Du froid intense, on passe à la chaleur infernale, là, avec Ryan qui serre les dents et les fesses, et qui ne lâche rien, et qui continue à chaque seconde d’enfer de croire que sa petite bulle va arriver sur terre.

 

Et elle arrive. Elle arrive dans l’eau, magnifique élément symbolique que Cuaron réutilise, elle qui donne sa couleur à la terre, et sa vie. On a envie de hurler de joie, avant que la capsule ne s’inonde, et qu’on ne recommence à craindre pour la vie de notre héroïne à nouveau. Elle est toujours lestée de sa combinaison spatiale, et on retient notre souffle, en apnée fatale, jusqu’à ce qu’elle parvienne à tout relâcher, et à remonter à la surface. Cette première inspiration d’oxygène terrienne est salvatrice pour tout le monde, elle autant que nous, et elle est si forte qu’on ressent presque, là haut, parmis la pluie de débris en forme de météores, cette respiration venir pénétrer le corps perdu de Matt.

 

Quand elle rejoint le sable, la terre déserte, et qu’elle le prend à pleines mains, et que Cuaron nous offre cette vision de Ryan vue par en dessous, on la sent immense, plus superhéroïne que juste héroïne, et surtout, plus vivante que la vie elle-même. Et si la peau de Ryan est trempée d’eau de mer, la nôtre l’est tout autant, trempée d’eau de larmes tellement le moment est puissant. Le film se termine sur la promesse d’un sauvetage futur, déclenché par le lancement de la capsule chinoise, et sur le futur de Ryan, chargée de l’âme de Matt, et Cuaron prend la décision épatante de nous laisser dessiner à notre grè la suite.

 

Ce film est un tour de force, épuisant et magnifique. Ses acteurs sont au delà du sublime, et son réalisateur a réinventé le mot « génie ». On sort de là chamboulé, les tripes remuées, le coeur en miettes, l’âme en vrac, avec la persistante sensation d’avoir vécu un moment historique de l’histoire du cinéma. Tout est fabuleux dans ce film, tout est riche, tout est beau à un niveau presque insupportable.

 

J’en ai vu un paquet, de films, dans ma courte vie, j’en ai aimé beaucoup, j’en ai adoré quelques uns, mais celui là est d’un niveau tout autre, et est probablement un des meilleurs films de l’année, sinon plus. C’est toujours beau de voir éclore un classique, là, juste sous nos yeux.

 

Une chose est certaine (et 12 Years A Salve peut jouer une carte importante), j’ai trouvé mon premier candidat pour les Oscars, et j’en vois quelques uns tomber de manière évidente.

 

Now Is Good (review/critique)

Je suis une grande fan du non-happy ending au cinéma. Presque vicieuse. Et en tant que fille avec des racines moitié hardcores moitié fleur bleue, j’adore les comédies dramatiques, souvent façon romance avec une fin qui va être triste, c’est écrit depuis le début. C’est une espèce de sous-catégorie cinéma mal-aimée, mesestimée parce qu’elle tombe souvent dans le pathos et la crise de larmes, et encore plus souvent, la facilité. Je crois qu’en tant que raconteuse d’histoire, le plus grand défi de ma vie serait d’accomplir un film en tant qu’auteur qui raconterait ce genre de choses mais se sauverait de tous les lieux communs habituels qui dégradent le système inévitablement. Et il y en a beaucoup que j’ai vus, que j’ai aimé parce qu’ils m’ont touchée, mais qui crevaient de clichés et de propos attendus.

Celui qui m’a le plus retournée demeure et reste Third Star, mais elle est hors compétition : pas d’histoire d’amour (pas avec James en tout cas) et Benedict, donc, forcément, je suis une éponge par avance. Mais la manière de traiter les choses, la réunion entre potes, les fou rires tout le long, et cette fin que j’ai trouvée à la fois insuportable et sublime…Third Star est le haut du panier pour moi.

J’ai vu Love Story, bien sur. Que j’ai trouvé inégal et longuet. Un Automne A New York. Qui était une accumulation de stéréotypes, mais la fin et le chirurgien qui jette son bonnet en signe de défait m’a profondément marquée et touchée. A Walk To Remember, qui était tout ce qu’on pouvait attendre d’un film avec Mandy Moore. The Notebook, genre référence ultime de tout le monde, mais que j’ai trouvé un chouilla…Ouais, pareil, toujours un rien dans la même lancée, qui revisite les mêmes choses. En même temps, bon, Nicholas Sparks, fournisseur d’histoire tristes en puissance, et multi-adapté. Sweet November était dans une lancée différente, mais ils ne sont pas allés jusqu’au bout de leur idée, et c’était dommage. Je suis une mangeuse de films tristes avec des jolis gens qui meurent de méchante maladies.

Donc, j’ai entendu parler de Now Is Good cette semaine, et j’ai sauté sur la première occasion pour regarder le film, en dépit de ma quasi aversion pour Dakota Fanning. Ma liste de films à regarder sur IMDB est scandaleuse, il n’y a que de ça…Mais j’ai sauté le pas ce soir (et j’en ai encore deux devant moi dans le même genre)

00000000000000000_89458Le pitch : Tessa à dix-sept ans, une leucemie qu’elle traîne depuis quelques années, et elle a décidé de ne plus se battre et de laisser tomber la chimiothérapie. Elle dresse la liste de ce qu’elle veut faire, et tout en haut, faire l’amour pour la première fois. Tête brûlée, n’ayant plus rien à perdre, elle tente des choses tordues et illégales, mais au final, elle tire la conclusion que la vie est une série de moments qui doivent être vécus avec force…

Le casting : pour le coup, le casting est plutôt pas mal. En plus de Dakota Fanning dans le rôle de la mourrante tête à claques (si, si, je vous jure, première fois que j’aurais bien collé une paire de taloches à une cancéreuse), Jeremy Irvine (“qui ça ?” mais oui vous savez, le mec qui cause au cheval dans War Horse) dans celui du premier-dernier amour, Paddy Considine, vraiment génial dans le rôle du père-pillier, Olivia Williams, la mère paumée qui peine à trouver ses marques dans un divorce qui l’a privée de repères maternels, et Kaya Scodelario (mais si, vous savez, Effi de Skins) qui joue un rôle qui ne nous change pas beaucoup de celui de Effi finalement. Plutôt un joli assortiment.

Le film : Inégal, et coupé en deux. La première heure, qui est plus ou moins une collection de toutes les conneries que peut faire Tessa sous prétexte qu’elle ne pourra pas les faire plus tard, est aux frontières de l’insupportable. Dès les dix premières minutes, j’avais envie de lui courir après pour lui coller une paire de claques. Elle s’essaie à la drogue (champignons, hein) et en fait une vantardise, elle vole carte bleue et vernis à ongles, et quand elle est arrêtée, elle démontre les traces physiques de son malheur, comme si cela excusait son comportement, elle chauffe un mec puis décide que finalement, non, on ne jouera pas à touche-pipi, elle répond de travers à son père, elle est imbuvable, et mono-émotive. Il persiste des scènes qui sont jolies, et toutes avec Adam. L’interprétation mesurée de Jeremy Irvine en fait une bonne contre-balance du caractère de merde de la malade.

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La scène dans les arbres est très douce, très jolie, très poétique, pas très originale, mais plutôt agréable. Les réalités médicales traitées sans détour sont impactantes et fortes, et remontent le niveau global du début du film. Je n’ai pas voulu arrêter, mais j’étais distraite. Jusqu’au moment où sa maladie la rattrappe, et où, d’un coup, elle devient plus belle, plus lumineuse, et où cette histoire avec Adam devient poignante.

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On ne donne pas dans l’immense originalité, ou le traitement novateur de la perte prochaine d’un être si jeune, mais des moments extrêmement poignants et puissants viennent soudainement donner tout son cachet au film, tout son intérêt. Petit à petit, la liste de Tessa, au lieu d’être une collection de bêtises plus ou moins grandes, s’enrichit de petites choses, au fur et à mesure qu’elle survit à un jour ou une semaine de plus.

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La plupart des thèmes traités dans la dernière moitié du film sont abordés avec une sorte de douceur, d’amertume douce, sans donner dans les torents de larmes, mais sans nier la douleur omni-présente, que ce soit via le père, via la mère qui retrouve petit à petit des marques maternelles, le petit frère qui pose des questions brutales et honnêtes mais ne manque jamais de ravir Tessa, Zoey pour qui Tessa veut être présente lors de l’accouchement de sa fille et qui va se rendre compte que le temps va lui manquer, ou Adam, qui, remis de son propre traumatisme qui l’avait empêché de vivre pendant longtemps, reviens petit à la vie alors que Tessa la quitte sur la pointe des pieds.

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Arrive un moment où la maladie s’est tellement répandue qu’elle arrive en bout de course, que l’imminence de sa fin se fait préssante, et où, prenant conscience que le monde va continuer sans elle, elle détruit tout dans sa chambre, et essuie des remontrances l’accusant d’égoïsme de la part de son père avant qu’il ne s’effondre sur l’épaule de sa fille, inversant tendrement et tragiquement les rôles du consolé et du consolant. Ce n’est pas novateur, mais c’est extrêmement touchant et prenant.

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Avec son grand amour, elle invente la vie qu’ils n’auront pas, elle lui invente des enfants, elle lui invente un futur, elle laisse à Adam un goût de vie plutôt qu’un goût de mort. Une fois encore, c’est doux et triste à la fois. Les mots sont justes et percutants, malgré les lieux communs, mais ils sont revisités. D’un coup, Tessa, l’ado turbulente, désobéissante et tête à claques devient une adulte pour quelques jours, elle rassure les gens, elle prépare leur futur tout doucement.

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La fin du film est douce et jolie, puissante et poignante parce qu’on fait un tout petit bout du chemin final avec Tessa, et elle rend le voyage poignant. Pas de flatline, pas de personnel médical, pas de grandes embrassades et de cérémonies infinies et noyées de noir et de larmes, mais plutôt la conclusion de Tessa sur ces moments et sur la vie en général.

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Verdict ? Pas un chef d’oeuvre, ni une création tout à fait originale, mais la première heure longue vaut le coup pour la beauté de la suite. C’est comme regarder une photo de coucher de soleil : on connaît, on sait ce que c’est, mais cela n’en ôte pas sa beauté particulière. En plus, joli traitement de la bande son et de la musique.

 

 

 

 

Deux mots sur Star Trek…[review]

warning : contient des spoilers. Si vous n’avez pas encore vu le film, faites-le, et on en reparle après 😉

Replaçons les choses dans leur contexte…

Staaaaaaar Trek.

Le truc dont j’ai toujours plus ou moins entendu parler, mais je n’ai jamais vraiment pris le temps de m’y intéresser…Jusqu’à aujourd’hui.

Pourtant, très étrangement, j’ai du passer avec mon père sur tout ce que la SF à du faire entre 1970 et 2000, et ça compte quand même X Files, V, Au delà du réel, le prisonnier, les envahisseurs, Doctor Who, Torchwood, tous les trucs commençant en Star-quelque chose et destinés à envahir / explorer / secourir / visiter / coloniser / réduire à néant toute vie inconnue dans l’immeeeense confin de l’univers. Genre, on a tout essayé. Tout ce qui fricote avec tous les aliens de partout.

Mais pas Star Trek. Ne me demandez pas pourquoi. Rien de personnel, juste un mauvais timing. Exception confirmant la règle. Et puis en grandissant, le côté ultra kitsch de la série originale m’a carrément rébutée, alors que sur le principe, c’était carrément ma zone d’exploration télévisuelle.

Pas de chance.

Bon après, faut pas déconner, je connaissais quand même la base. Qui ne connait pas Spock-les-oreilles-pointues, Kirk-peur-de-rien et Khan-super-pas-gentil-qui-passe-ses-week-ends-à-jouer-aux-échecs-avec-Dark-Vador-et-cancer-man. Oh et puis le signe avec les doigts qu’il me manque trois chromosomes pour arriver à faire. Culture pop. Le truc que tu connais en ayant épuisé toutes les parties de trivial pursuit réelles et virtuelles du monde.

Donc voilà. Axy et Star Trek…Mal barré. Et en plus, la guerre Star Wars / Star Trek faisant rage (ne me lancez pas sur les fandoms), j’avais un peu épousé Han Solo en première noces. “Pas gagné” devient alors un sympathique euphémisme, étant donné que j’incarne alors le camp opposé, frères ennemis depuis toujours.

Star Trek, not my division.

Autant dire que c’était vraiment, mais alors vraiment pas gagné d’avance. Je ne peux pas être accusée de fangirlisme à outrance concernant la saga. Concernant la chose qui joue le super méchant, je suis condamnée par avance, je ne vais pas dire le contraire.

Si j’avais eu à poser l’équation du rapport absence d’interêt sur interêt pour savoir si j’allais voir Star Trek Into Darkness, elle aurait été plutôt simple.

A ma gauche, deux acteurs que j’ai jamais vraiment pu supporter, Zachary Quinto et Chris Pine. A ma droite, JJ Abrams et toute sa clique, que j’adore depuis Alias et que je considère comme étant le meilleur réalisateur de grands films aujourd’hui. Résultat probable de l’équation : bof, on verra quand ce sera sorti en DVD.

Arrive le chien dans un jeu de quille, qui vient tout seul retourner toute l’équation et me laisser avec comme conclusion unique : pas le choix, tu ne peux pas y couper.

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Ok. Admettons, Cumberbatch. Te voilà parachuté dans un blockbuster de dingue qui nous coûte une année d’attente pour Sherlock. Une année de plus. Autant dire, mon grand, que si je me retrouve dans cette galère, c’est à cause de toi, et si j’y courre en avant première annulée pour cause de non arrivage de bobines le jour de sa sortie, je t’informe alors que le film repose sur tes épaules, parce que le reste, c’est plutôt pas gagné du tout (du tout).

Allez, tentons l’essai…

Mercredi 12 Juin, 21h35. Nous y voilà. Je suis relativement excitée, mais plus parce que je n’ai jamais eu la chance de voir Benedict sur grand écran avant. Le concept Star Trek m’échappe globalement complètement. Mes profs de cinéma m’auraient clouée au pilori si ils avaient su que j’avais commis le crime de lèse majesté ultime : aller voir un film pour son acteur. David, Youri, je suis désolée.

Mercredi 12 Juin, minuit, mon point de vue sur la question à quelque peu évolué.

Je sors ecstatique. Absolument ravie. J’ai ri, j’ai pleuré, j’ai fait des bonds de trois mètres, j’ai eu peur au point de manquer de me planquer dérrière les sièges, et surtout, j’ai laissé tomber toute forme de préjugé sur la saga pour parfaitement adorer chaque personnage qui a croisé ma route de spectatrice (jusqu’au poisson qui effraie Scotty, c’est dire)

J’en sors tellement ravie qu’à peine la sortie du cinéma franchie, c’est décidé, ferme et définitif : je vais retourner le voir. Par respect pour toute l’équipe, je suis ravie de payer à nouveau, et surtout, je considère que ça les vaut largement. Et je ne m’étais pas autant éclatée avec un film depuis perpète.

Donc, avant de me précipiter dans une review qui aurait debordé de qualifiants joyeux et euphorique, j’ai préféré poser les choses. Une deuxième vision peut souvent tout replacer dans son contexte.

Deuxième fois ? C’était encore meilleur. Mieux encore : j’en prévois une troisième, et je serais bien surprise de ne pas m’y retrouver une ou deux fois supplémentaires à la fête du cinéma (qui tombe trop bien cette année).

Le pourquoi du comment. 

D’abord, c’est du Abrams. Donc c’est super bien ficelé, le bougre sait de quoi il parle, il sait comment il en parle, et il fait magnifiquement mouche à chaque fois qu’il tente une émotion, des plus animales aux plus humaines. Il sait ce qu’il veut de ses acteurs, et surtout, il sait comment obtenir ce qu’il veut. Bilan global : son Kirk très tête brûlée est exceptionnellement attachant, son Spock coincé est…Exceptionnellement attachant, et sa grosse enflure de râclure d’empafé d’enfoiré(oh, eh, je fais jamais que reprendre les propos des protagonistes) de méchant passe les trois quarts du film à être…Exceptionnellement attachant.

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C’est le trio de tête qui porte le film et ses dualités, et on ne peut pas faire plus opposés que ces trois-là. Kirk emporte les suffrages en moins de temps qu’il n’en faut pour dire “enterprise” rien qu’en piquant le dieu des autochtones du coin et en ironisant sur la situation (et le fait qu’ils vont finir par se faire planter si ils continuent à faire les cake). Il est drôle, il est plutôt pas vilain (mais alors là si on commence à jouer le jeu du “c’est qui la bombasse du film” le parti défendu par Abrams est tout autre et je ne vais pas m’en plaindre mais ON VA PAS COMMENCER A JOUER A CA MAINTENANT) et il a un sens de l’honneur et de l’amitié haut placé. C’est presque le personnage qu’on aurait plaisir à détester parce qu’il est trop “bon”, mais Abrams, décidément très fort, l’a rendu suffisament humain et tête à claques pour éviter ce genre de problèmes.

Cas du capitaine Kirk : résolu.

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Spock.

Moins, beaucoup moins évident, étant donné le pétage de boulard du vulcain quand Kirk nous le récupère en bravant à peu près toutes les règles. On a très envie de lui en coller deux et de lui dire qu’il devrait être bien content d’avoir quelqu’un comme Jim pour venir lui sauver la peau. Mais bon, Spock a la réputation de son peuple, et joué comme il l’est, il devient drôle et touchant, et très rapidement, la sensation première de “mais quel foutu rabat-joie” se transforme en “bah putain, on serait perdus sans lui”. Bon et puis le fou rire avec les phrases cultes du type “je lui ferais bien bouffer sa p…. de frange” ou la scène de la dispute de couple sous le nez de Kirk avec Uhura sont quand même deux passages de retombée de pression bien comme il faut, et on aurait tort de s’en passer. Finalement, Spock est tout autant attachant que Kirk, et c’était pas gagné d’avance. Leur amitié est bien bâtie, intelligente, et elle repose sur quantité de valeurs humaines qui ne peuvent qu’en faire des personnages sur lesquels on va reposer sa confiance.

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(Les gens, je spoile pas vraiment, hein, TOUT LE MONDE SAIT QUE C’EST KHAN LEUR JOHN HARRISON ON EST D’ACCORD ???)

Et l’équation n’est parfaite que si on colle au milieu de ces deux personnages fort adorables…Une enflure de première. Un truc a mi-chemin entre la machine de guerre, le psychopathe et le fou furieux.

Des super méchants au ciné, on en a connu une pleïade. Mais alors une quantité. Y’a pas une grande saga sans super méchant.

Eh ben celui-là, c’est du pourri de compète. Et il est attachant durant les trois quarts du film, ce qui est extrêmement malin de la part de JJ, vu que quoi de pire quand on arrive à la fin du film que de se questionner sur son propre sens moral en se disant “mais putain, j’ai été du côté de Khan pendant tout ce temps là ???”. Par contre, le quart restant, on sent bien que son ô combien fabuleux interprête s’est lâché, parce qu’il fout la trouille. Il fait peur. Il terrifie.

Rien que la manière dont on nous introduit John Harrison, Abrams montre bien que c’est LUI le maître et qu’il va éviter le lieu commun. Une fois qu’on a été bien secoués par les prouesses de Kirk et Spock, on nous présente le couple qui est sur le point de perdre leur petite fille, et le mec super ténébreux, sorti de nulle part, qui propose de sauver la gosse.

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Et là on se dit “wow là, il se passe quoi ?” Depuis quand les bad guys ils sauvent les petites filles ?

Là où Abrams cartonne sa mise en scène, et où Benedict excelle dans ce qu’il fait le moins bien d’habitude (être juste beau) c’est qu’on nous balance un méchant qui se trouve être charismatique au paroxysme, et mettre tout le monde hors jeu avec sa bouille de mec qui cache des trucs pas nets mais qui est quand même vachement bien foutu. Comme dirait l’aute, ça calme.

Donc on se retrouve avec la délicate impression que celui-là, il va pas seulement fouttre le bordel chez Starfleet, mais aussi dans nos têtes. Et bingo : super méchant sauve la petite, mais il négocie quand même une attaque kamikaze du père qui va flinguer 42 personnes. Strike, Harrison.  En trois minutes, on est passé de l’attendrissement à la fascination à la peur à la révolte.  Et on sent bien qu’on fait que commencer à morfler, et que celui-là, il va nous en faire voir de toutes les couleurs. Et ça va pas louper.

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Dix minutes plus tard, il nous a fait sauter le commandement de Starfleet, et a pulvérisé bien comme il faut le mentor de Kirk. De chasse à l’homme, on en passe à affaire personnelle, et c’est tellement plus intéressant comme ça.  Notons que Harrison (qui cache encore sa véritable identité sous cet alias complètement fumeux) reste carrément à tomber même quand il nous fait un counter strike taille réelle avec vaisseau armé (ce qui fait cruellement défaut à counter strike, vous l’avouerez). Oh mon dieu, moi, représentante de la gent féminine, craque sur l’enflure qui tue tout le monde. Bim, ma moralité, dans les dents. Abrams savait qu’en embauchant mon anglais préféré, il allait aussi jouer à ça. Quand le méchant est moche, c’est facile à gérer. Quand il est pratiquement magnifié, c’est autre chose.

Récapitulons : il sauve une gamine, défonce les archives et tue 42 personnes, fait tout péter à Starfleet et pulvérise le capitaine Pike, le tout sans toucher à son brushing. Dites-donc, il est pas un peu rock and roll, votre méchant ?

Et encore, on va en prendre plein la tête tout le long. Donc une fois que Kirk, ex-viré nouvellement réintégré récupère l’enterprise (parce que bon, on arrête la fumette, l’enterprise sans Kirk, c’est Spock sans ses oreilles, hein) et hérite de Spock la mission cheloue qui consiste à aller péter sa gueule à Harrison, qui, pas né de la dernière pluie, s’est planqué sur Kronos, là où c’est un peu déjà le bordel niveau relation diplomatiques, on se dit qu’on va bien rire et que ça va tourner au jus de boudin, ct’histoire.

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Même Scotty est d’accord avec nous. D’ailleurs, tiens, il préfère démissionner plutôt que d’embarquer les 72 missiles super-suspects. Et puis sans déconner, tout ça pour péter la gueule au même mec ? Sérieux les gars, ça vous paraît pas hyper chelou ?

Ben non. Et hue cocotte, en avant pour Kronos, où ca va péter incessament sous peu, on le sent. C’est quand même un mâlin, Harrison, il joue à cache-cache là où l’enterprise est le moins le bienvenu, quoi. Et là, petite incohérence, on se dit que cette bande de boulets auraient du commencer à sentir le vent tourner, parce qu’il a quand même l’air ‘chement au courrant de leur manips, le repris de justesse. En plus, les loulous, ils ont embarqué sur l’enterprise la fille de l’amiral Marcus, qui est experte en armes de pointes, ça tombe bien, et montée à bord sous le nom de sa mère.

Star-Trek-Carol-KirkEn plus, trop bien, la petite futée, elle est carrément canon, et on sent bien que Kirk, ce coquinou qui se tape de la gonzesse dotée de queue, il lui ferait bien sa fête dans un coin de l’enterprise, la gamine. Tension sexuelle, on en manquait un peu, c’est pas faux.

Donc, hop, nous voilà partis sur Kronos, même que sur le vaisseau y’aurait pu y’avoir écrit “CA VA CHIIIEEEEER” que c’aurait été moins évident. Même pas arrivés, ça part déjà en fenouil. Bim, trois vaisseaux Klingons les ont chopés dans leur phares. Ca va dérouiller sec, heureusement que rien ne les relie à l’enterprise, sinon c’était la guerre ouverte (et j’en connais un à qui ça aurait bien fait plaisir). Comme ça commence a sentir le sapin, envoyons la seule interprête Klingon discutailler avec la peuplade locale, à savoir la chérie de Spock en personne. Elle a l’air fâchée, mais ça suffit pas, et boum, ça tourne court à OK corral.

C’est là où on se dit “bah merde, et Harrison, il fout quoi de sa vie, là ?”. On l’avait presque oublié, celui-là. Ce qui ne lui a pas plu, puisqu’il décide qu’une bataille rangée entre humains et Klingons c’est pas fun du tout, alors le voilà parti, armé jusqu’aux dents, à retourner l’escouaille Klingon en deux minutes.

WideModern_StarTrek_051613620x413Et voilà nos trois héros confrontés à deux questions capitales : d’où qu’il dezingue du Klingon comme on fait tomber des dominos, et depuis quand l’envie de fouttre en l’air les belles gueules de Starfleet lui est passée ?

Et là, bien calé dans son siège, on se dit qu’il y a un loup. Harrison se calme, vient converser avec Kirk et sa bande, qui espèrent bien qu’il va se rendre sans se sentir obligé de tout péter (et quand on commence à connaître la bête, on se dit que c’est pas gagné), lui font savoir qu’ils ont l’armada de missiles prêts à lui péter sa gueule…Et il sourcille même pas. Non, il veut savoir combien. Sans se démonter, Kirk lui largue le nombre.

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Et il se rend. Mieux encore, il laisse Kirk lui fouttre ce qui aurait du être une râclée phénoménale sans bouger d’un cheveux (à l’exception de la mèche). Prenons, chers lecteurs, je vous prie, trois minutes pour apprécier la performance de DINGUE de Benedict, qui nous campe là un des côtés les plus flippants de Harrison, à savoir son espèce de stoïcisme à se faire taper sur la gueule. Bilan : Harrison intact, Kirk a pris cher sans avoir pris un coup.  Et l’autre nous ponctue sa provocation en appelant Kirk “capitaine”.

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Bon. Nous voilà avec un prisonnier de haute volée qui s’est même pas débattu, une tripotée de missiles qui servent à rien, et un enterprise qui a des problèmes techniques graves chelous. Sais pas pour vous, mais ça pue, ct’histoire. Et dès les premières secondes de sa détention, Harrison fout tout le monde sur le cul : et que je te détecte au flair un problème majeur, et que je te propose mon aide, et que je te donne mon identité sans en passer par la torture, il laisse même McCoy, le toubib de l’enterprise, lui préléver du sang sans ronchonner ou péter la gueule à un ou deux gardes pour le fun.

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Et comme il a décidé d’en faire qu’à sa gueule, il déballe à Kirk des infos un peu flippantes, genre coordonnées supposées mener à mauvaises surprises, et tiens, tintin, le contenu de tes missiles, c’est loin d’être ce que tu crois.

Bingo, mission accomplie : il a foutu le bordel dans la tête de tout le monde. Y compris nous. Kirk envoie Scotty voir ce qui se passe aux dites coordonnées, et décide de faire fouiner McCoy et Carole dans les missiles, juste pour s’amuser. Comme Spock et McCoy le font très justement remarquer, euh, et sinon, il a pas juste pour plan de faire sauter l’enterprise comme ça ? Mais Kirk n’écoute que son coeur, et bingo, dans les missiles, y’a du cryogénisé. Dis donc, Khan, t’as pas un ou deux trucs à nous raconter, là ?tumblr_mmtgpvJ3Rw1rie9hno7_500

Et alors là, là, les gens, moi je démissionne. Parce que le cinglé, là, il a foutu le pire des merdiers, il a assassiné au vrac, il transforme les gens en bombes…Mais là, quand il explique dans quel merdier il s’est fourré bien malgré lui, toi, spectateur lambda, pour un peu que tu sois un peu émotif, EH BEN SUPER MECHANT ENFLURE DE MERDE DE TARE DE PSYCHOPATHE A LA CON EH BEN IL VA TE FAIRE CHIALER SUR SON SORT A LUI.

Monsieur Cumberbatch, manquant cruellement de mots pour qualifier le tour de force, je vais me contenter de saluer votre immense talent virtuellement.

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Alors récapitulons : les surgelés, c’est son équipage, qui s’est plus ou moins foutu dans la mouise dans le passé, et a fini cryogénisé. Marcus, qui avait bien besoin d’un coup de main d’un mec plus fort que lui, nous a ramené notre cinglé à la vie, et les choses sont en train de partir en freestyle depuis. Et il est pas si méchant, enfin, pas gratuitement, il veut juste récupérer sa famille. Boum, oeillade à Kirk, qui, finalement, a plus en commun avec lui qu’il ne le pensait. Marcus, lui, il avait décidé de se venger et de faire un pire méchoui avec tout l’équipage de Khan, ce qui, fatalement, nous l’a mis un peu en colère, mais là pour le coup, on le comprend.

Tiens, Marcus, quand on parle du loup. Les coordonnées en question, c’était ça. Un nouveau vaisseau de la taille du Texas, uniquement destiné à l’usage militaire, qui va venir péter la gueule à l’enterprise et à tout son équipage parce qu’il refuse de livrer Harrison (oui parce que Spock a décidé qu’il avait droit quand même à un vrai procès et tout et tout), et faire un coup de salope à Kirk en épargnant même pas l’équipage. Tiens tiens, Kirk, Harrison et toi, vous avez le même problème.

C’est sans compter sur Super-Scotty, qui, inflitré chez Marcus, va permettre d’éviter le feu d’artifice. Mais faut agir de l’intérieur, et pour ce faire, Kirk est obligé de s’armer de quelqu’un qui connaît le bâtiment. Et qui qu’il a sous la main avec ces compétences ?

KHAAAAAAN.

Spock apprécie moyen moyen, mais pas trop le choix, d’ailleurs, Kirk lui dit bien, c’est le ventre qui parle, j’en sais trop rien de ce que je suis en train de fouttre, et puis, tiens, grandes oreilles, reprends donc le commandement de l’enterprise.

Et voilà Kirk et Khan, devenus collègues d’infortunes, partis pour se prendre tout un tas de débris dans la gueule avant de pouvoir rejoindre le vaisseau de Marcus, grâce à Scotty, et d’éviter que l’enterprise ne finisse en giga feu de joie.

Sauf que. D’un côté, Spock s’auto-interroge dans le futur pour savoir comment finir Khan, et de l’autre, ben sans surprises, Khan a reservé à ses nouveaux-anciens potes d’infortunes un chien de sa chienne. En même temps, ils ont bien tenté de lui tirer dessus avant pour le paralyser, mais euh…Raté. Kirk prend cher, Carol se fait aussi taper dessus, quand à l’amiral…

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Il s’est fait exploser sa tronche, au sens littéral de l’histoire. La force de Khan nous a réduit Marcus à l’état de smoothie. Et devant les yeux de sa fille. Ambiance. Vite, vite, Spock, téléporte nous tes troupes avant que ça ne finisse en marmelade géante, parce que d’un coup d’un seul, Khan, qui avait l’air canalisable, il s’est transformé en dingue et il a envie d’en découdre.

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Une nouvelle fois, mention “mais putain comment il fait ça” à Benedict, qui en trente seconde fait basculer son personnage dans une furie destructrice folle et en devient carrément terrifiant. Et quand je dis terrifiant, la dernière fois qu’on m’a foutu les chocottes comme ça, ça devait être la gamine de l’exorciste. Faut voir.

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bon, ben c’est qu’il nous a récupéré un vaisseau, ce con, et il a l’air de savoir s’en démerder. Négotiations pour tenter de récupérer ses Mr Freezes, Spock, bien bien vénère, l’entourloupe et lui ment, fait rarissime, parole de vulcain, en lui faisant croire au transfert de son équipage. En fait, nada, et boum, les missiles ont retrouvé leur vocation première. Et Khan est super, mais alors super fâché. Mais vu que sur son vaisseau y’a plus rien a zigouiller (sinon des restes de Marcus, et encore) il tente de finir l’enterprise, mais vu l’état de son épave, c’est pas gagné.

Les emmerdes n’arrivant jamais seules, sur l’enterprise, c’est un peu hiroshima. Le vaisseau est en train de se ramasser, capturé par l’attraction de la terre, et si on fait pas quelque chose fissa, c’en est fini de l’enterprise. Problème de connecteurs au coeur du réacteur, et Kirk comprend de suite qu’il a une solution, mais il va devoir la payer le prix fort. Tout sauf sacrifier son équipage. Alors il cogne sur Scotty qui comptait l’en empêcher, et va régler son compte à ces foutus connecteurs au coeur même du réacteur, en personne, quitte a finir plus imbibé de radiations qu’un champignon de Tchernobyl. A grand coup de pieds, ca rentre dans le droit chemin ces saloperies techniques. L’enterprise repart, tout refonctionne, tout le monde est euphorique, à deux doigts de se faire une barbecue party pour fêter ça, quand Scotty, réveillé de son semi coma, fait savoir à Spock qu’il ferait bien de se ramener parce que Kirk à poussé la loyauté et l’amitié un chouilla trop loin cette fois.

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C’est trop tard pour Kirk, il est déjà mourrant, et dans la zone contaminée. Spock a juste le temps d’échanger un dernier moment, de confirmer que l’enterprise s’en tire à bon compte, Kirk lui demande comment il fait pour se détacher des émotions, Spock lui dit qu’il n’y arrive pas maintenant, ils ont ce dernier contact au travers la vitre…Le temps d’un dernier salut vulcain, et c’en est fini du capitaine James Kirk.

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Mention très bien à la force du symbole, réutilisé à merveille par Abrams. Symbole de l’amitié entre deux hommes que tout opposait. La main du capitaine Kirk retombe, inanimée, alors que Spock est dévasté. Ils nout l’ont détruit, le vulcain imperturbable.

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L’enterprise est en état de choc, nous aussi, même si dans la seconde où Kirk meurt, tout de suite, on tilte “mais putain, le sang de Khan, sauveur de petites filles malades et réanimateur de bestioles mourrutes des expériences du docteur McCoy”. Bon sang, mais c’est bien sûr ! Tout le monde est dévasté et personne ne réfléchit bien, mais chez Spock, on sent une vieille envie de faire bouffer sa mèche à Harrison. Qui, pour le coup, leur taille un short avec son super vaisseau. Quitte a perdre son nouveau jouet, autant le faire sur StarFleet et faire un maximum de dégats. Ben oui, kamikaze, ça manquait encore à son CV, tiens. Et quand tout le monde se dit “mais personne peut survivre à ça”, ben tiens, personne sauf Khan, qui saute de trente mètres de haut, contemple avec une joie féroce les dégats, et détalle comme un lapin, poursuivi par Spock, qui a récupéré son talon d’achille en conversant avec son lui futur.

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Oui, chez Khan, on connaît pas les portes, on passe direct par les vitres. Plus rapide. Ce que c’bouffon ignore, c’est que ses magnums, ils sont toujours dans l’enterprise. Comme dirait McCoy, Spock il est froid, mais pas au point de fouttre tout l’équipage de Khan en l’air.

Donc, remonté comme une horloge suisse, Spock commence à nous courser Khan, qui bouscule, percute, pousse et violente à tour de bras, et saute sur tout ce qui bouge pour s’éloigner d’un Spock qui va lui faire bouffer la poussière, ses oreilles en tremblent de colère.

Du côté de l’enterprise, ALLELUIA, McCoy vient de comprendre que tout espoir n’est pas mort pour Kirk, et qu’il faut que Spock choppe Khan vivant. Mais bon, il est un peu occupé à prendre cher par le méchu, et à sauter de vaisseau en vaisseau pour tenter de suivre le rythme de Khan. Au final, ils vont se le faire à deux avec sa chérie, qui aura quand même besoin de tirer sur Khan a sept reprises avant d’espérer le calmer.

Flash forward de deux semaines. Kirk émerge d’un coma certain. Il est en vie, même si on s’en doutait, la vague de joie n’est pas le moins du monde responsable de quelques larmes. Explications, sourires, Khan s’est fait re-congeler, comme ça on est tranquilles, et est de retour au freezer avec sa troupe, Spock est super ravi de retrouver son grand ami, cérémonie en mémoire du capitaine Pike, et tout l’enterprise se retrouve dans une mission d’exploration de cinq ans. Joli happy end.

(bon et puis là normalement y’a le générique ou chaque fan de Benedict a du flirter avec le fou rire parce que BENEDICT CUMBERBATCH ça tient tout juste dans l’écran)

Un sentiment bien connu

Eh ben on sort de là ravi, conquis, avec des images plein la tête, et la sensation d’avoir enfin vu du divertissement SF de haut vol. Rien à faire que ce ne soit pas le film trop indé qui fait trop bien à aller voir, je n’hésiterais pas à défendre STID et à le faire façon Khan, parce que j’en ai plein le cul que certaines elites considèrent que dès que le cinéma divertit, ce n’est plus qu’un vague truc bidon sans interêt. Star Trek Into Darkness est un sacré film, et Abrams, un foutu réalisateur.

Mention très bien à Michael Giacchino, qui nous signe une bande originale parfaite, épique et puissante, et qui réussit à faire des thèmes autours de Khan une valeur ajoutée à son paradoxe.

Mention encore mieux encore au duo Pine-Quinto, définitevement remonté dans mon estime, qui fonctionne à merveille. Leur complicité est quasiment palpable, et elle agrandit toutes les émotions, qu’elles soient celles de la disparition de Kirk ou les fou rires entre quatres z’yeux. “Les oreilles qui sifflent, Spock ?”

Mais, malgrè mon immense amour de ce film, qui a réussit à me conquérir toute entière, la plus belle réussite du film, la claque, le coup de boule de zidane, l’argument qui rend un film bon en film très bon, c’est bien entendu, et sans surprises, Benedict. Il me bluffe sans cesse, mais dans ce rôle précis, il a été exceptionnel. Charismatique, félin, envoûtant, manipulateur, boulversant, terrifiant, opportuniste, diabolique, vicieux, ammoral, immoral…Je pourrais les cumuler, les qualificatifs, mais il dépasse très largemment tout ce qu’on pouvait espérer de lui. Il est le méchant le plus surréaliste et le plus dingue qu’on ait eu depuis bien longtemps, et sa performance qui est en subtilité avant d’être en furie reste en mémoire bien après que la bobine ne se soit rembobinée, prête pour la suite. Il est hors normes.

Pour résumer ? 

C’était génial. De bout en bout.