“J’suis pas homophobe, j’veux juste pas qu’les pédés et les gouinasses se marient”

Allons bon. Quand je me réveille malade a trois heures du mat’ et que quelque chose m’a poussé à bout pour aller gueuler sur le blog, c’est que je suis en colère.

Mon erreur pendant que je me retrouvais sous une attaque d’allergies à s’en exploser la tronche contre le mur, ça a été de me connecter sur twitter et d’aller checker où ils en sont à l’assemblée nationale.

ILS SE SONT FOUTUS LA GUEULE. LES TEUBES DE L’UMP SONT TOMBES SUR LA GARDE DES SCEAUX ET SON ENTOURAGE POUR “UNE MOQUERIE” QUAND UN IMBECILE PLUS GRAND ENCORE VENAIT VICTIMISER UNE PAUVRE MANIFESTANTE ANTI QUI S’EST FAIT BRUTALISER.

Non mais qu’est-ce qui ne va pas dans la tronche de ces abrutis ?? Dire que je suis consternée est un putain d’euphémisme. C’est juste dingue.

Mais mon état de consternation n’a finalement plus de limites ni de réelles barrières. Depuis quelques semaines, tous les matins, quand je remonte ma timeline twitter, et que sans cesse, de nouvelles agressions, de nouvelles insultes, de nouveaux pics de violence contre les homosexuels sont relatés, je me sens à la fois sale, révoltée, fatiguée et en colère. Le plus drôle étant probablement que toutes les semaines, je vois passer un tweet m’informant qu’un pays de plus autorise le mariage homosexuel, et que dans TOUS les cas, personne ne se comporte comme en France.

Ici, on est fier de montrer dans les médias des vieux réacs qui défilent avec leur gosses sans savoir même de quoi on parle. On suit le mouvement, bons moutons qu’ils sont. Sans faire d’examen de conscience. On jette sa propre progéniture dans un bain de haine.

J’ai lu cette semaine un témoignage boulversant d’un monsieur gay, qui vit et est marié à son partenaire depuis longtemps aux Etas Unis et qui est bénévole dans une association pour passer du temps avec les enfants défavorisés. Ils vont au resto, au bowling, au ciné, et cela dure depuis un moment, jusqu’à ce que le gamin, huit ans, lui demande si il est marié. La réponse est pleine de doutes, non par honte, mais parce qu’il a peur qu’un amalgame malheureux ne soit fait avec pédophilie. Trente ans passés, gay, passer du temps avec un gosse…Les mentalités des pseudos bien pensants auront vite fait de faire le rapprochement. Mais il répond sans ciller. Oui, il est marié à un homme. Le gamin lui retorque qu’il déteste les “homos” et qu’ils devraient tous mourir. Et voilà notre volontaire qui se questionne sur la mentalité des parents pour qu’un gosse même pas pubère crache une telle haine gratuitement. Il a songé a ne plus voir le gosse, mais finalement, reviens sur sa décision pour tenter d’éclairer un enfant sur ce qu’est une conviction.

Difficile de ne pas être retourné par tels propos, qui pourtant ne m’étonnent pas. Quand je vois des gosses hauts comme trois pommes en premières lignes dans ces manif, quand je vois leur instrumentalisation face aux forces de l’ordre, je suis consternée. Ces gamins ne se demanderont jamais si ce qu’ils font est bien ou non, c’est ce que leurs parents leur inculquent, ils rejetteront en bloc gays et lesbiennes parce que papa et maman ont décreté que c’était ce qu’il fallait faire.

La montée de la violence me prend de court, cependant. Après tout, nous sommes le pays des droits de l’homme, celui de la révolution, celui du peuple qui se bat pour ses droits, celui ou le socialisme est une valeur défendant les avantages du plus grand nombre. Celui qu’on a longtemps pointé du doigt pour son avant gardisme, pour ses lumières, pour ses penseurs qui ont façonné un millénaire entier. Je croyais, sincèrement, que cet engagement 31 pourrait poser quelques problèmes, mais je n’aurais jamais pu croire à pareille blague. Parce que le reste du monde, là, pour le coup, il se fout de notre gueule. Il est en train d’exploser de rire en voyant les clowns qui deversent en toute impunité leur haine sur les homosexuels, et attention, il ne faut pas les appeler homophobes.

Vous voulez la vérité ? Quand on défile pour refuser à une catégorie de la population un droit qu’on possède déjà, c’est de la haine. Quand on manipule les chiffres pour faire croire que les familles homosexuelles ne sont que cent mille (alors qu’elles sont près d’un demi millions “déclarées”) et qu’elles n’ont pas besoin de cette loi, c’est de la désinformation. Quand on ose dire que le lobby homosexuel ne compte que deux mille personnes (cent mille familles homosexuelles, ce qui fait dans le camp opposant un auto-mensonge de 98 000 personnes au moins) alors que nous sommes des millions a faire les marches des fiertés chaque année, ça s’appelle du foutage de gueule.

Le pire dans cette histoire restant leur arguments. Mon préféré restant le “un papa + une maman = un enfant”. Déjà, chapeau bas aux familles monoparentales qui en prennent plein la gueule pour pas un rond dans l’histoire. Mais surtout, d’où est-ce qu’elle vient, cette idée à la con, hein ? Deux adultes dotés de sens commun, d’amour et de valeurs peuvent éléver un enfant au moins aussi bien que les tarés qui embarquent leur gosse dans les manifs. Mais surtout, faut arrêter de croire qu’on va éduquer nos gamins à croire que deux hommes ou deux femmes peuvent procréer. Qu’est-ce qu’ils ont fumé, sans déconner, pour prétendre qu’on va leur mentir sur les réalités biologiques ? Bien sur que non, bande de truffes. Si je trouve l’amour, que cette personne est une femme, qu’elle a la chance de porter la vie grace à un donneur, et que j’ai celle de devenir l’autre parent-parce que, réjouissez-vous bande d’antis qui me font gerber, je suis bisexuelle ET stérile-alors quand il ou elle sera en age de comprendre, on lui expliquera ce qu’est la biologie et ce qu’est l’amour. Et si il y a bien quelque chose que cet enfant comprendra, c’est qu’il ou elle était voulu, plus que tout, suffisament pour se coltiner des lenteurs et des lois regressives. Et encore, nous autres lesbiennes, avons la chance d’avoir des utérus féconds. Je ne veux pas penser à ce que c’est pour les couples gays, qui ont tout autant envie d’avoir des enfants, et qui seront des parents tout aussi géniaux.

C’est phénoménal, quand même, de dire tout haut toute cette rage envers une nous. De taper sur les gays en toute impunité, d’y aller franco, personne ne s’en soucie vraiment. 70 malheureuses interpellations en tout et pour tout, ça va, le gouvernement ne se foule pas. Et si Ayrault, ou mieux, Hollande, président de toutes les déceptions jusqu’ici-et putain, je suis socialiste convaincue-décidaient de l’ouvrir, un peu, ça ne ferait pas de mal. Parce que du côté de L’UMPFN, ça se lache bien comme il faut, ça abuse de tous les superlatifs, ça crie à la révolution alors que cette bataille n’est que pour un peu d’évolution.

Le pire dans cette histoire restant cette ignominie vertigineuse qui me donne la nausée et me fatigue, au point de finir par avoir envie de baisser les bras. La semaine prochaine, cette loi sera votée, et je crains pour la sécurité de tous les homosexuels dans les grandes villes déjà. Je ne sais pas ce que les foutus antis, leur “printemps français”, leur “on ne lâche rien” ridicule vont être capables de faire. Quand on voit cette connasse de Frigide Barjot appeller au sang et venir chouiner à la télé la gueule enfarinée taguée d’autocollants contre l’homophobie, on se dit que tout peut arriver parce que les crétins qui suivent sans broncher l’ont pris pour modèle.

Quand je vois mes amies d’ailleurs, nottament de belgique, ou tout cela est reglé depuis longtemps et tout va bien, me dire à quel point elles ont honte et comme elles trouvent cela incroyable et révoltant, je me dis qu’il y a un foutu problème de haine dans ce fichu pays. Crier à la dictature alors que Hollande a été élu au suffrage universel et que cela fait partie de son programme depuis le début, c’est la pire des insultes. Au lieu de cracher sur la république, ils feraient mieux de se remettre en question deux secondes et de se poser les bonnes questions.

S’en prendre aux gens pour leurs origines, de quelque façon que ce fut, c’est du racisme.

Refuser un droit à des gens à cause de leur sexualité, c’est de l’homophobie.

Et ne venez pas me chercher sur la religion et toutes les greluches de bénitier qui s’en prennent à nous, Civitas ou pas, ou je vais être tentée de m’abaisser a deux idées très en dessous de la ceinture…La pédophilie au sein de l’église et ce secret degueulasse auquel on force les victimes, c’est républicain, peut être ? Et ne parlons même pas du principe de base même de la religion, qui est de ne pas croire en la science et la biologie, mais se plaire à croire qu’un pauvre type s’est pris sept jours pour créer le monde à partir de rien.

A côté, faire des bébés avec deux papas ou deux mamans, c’est léger.

Bande d’abrutis, tiens. Vous me fatiguez avec votre haine en bandoulière fièrement portée. Je vis avec la peur que ma sexualité ne se voie et que je ne sois tuée pour ce que je suis. Vous pouvez être fiers de vos conneries.

LE POIDS DE LA HONTE

J’ai mal à ma France.

Je m’étais jurée de ne pas blogger “militant” ici. Je le fais assez ailleurs, et je déteste savoir cet espace envahi de combats que je n’ai pas toujours la force de porter 24/7. J’apprécie ma bulle, ignorer ce que je vois, être lâche, innocente, aveugle et bienheureuse pour un temps.

Mais ce temps est malheureusement révolu, parce que je suis au bord de la révolte. Je suis écoeurée, dégoutée, j’ai la nausée, et pire encore, je ne comprends pas ce que ce gouvernement de lopettes pour lequel j’ai voté et en lequel je croyais ne prend pas de décisions fermes et de positions courageuses pour faire que la haine CESSE.

Aujourd’hui, partout, les opposants au mariage pour tous, les très courageux cathos, FN, manif pour tous, GUD, j’en passe et des meilleures, dont en train de faire leur loi. Les députés ouvertement pour sont molestés, tabassés, agressés, insultés. Leur véhicules sont brûlés, leur pneus sont crevés. Les associations sont visitées, les locaux sont vandalisés, des vidéos de toutes ces agressions sont fièrement postées sur internet. La violence n’en est qu’à son début, et surtout, elle n’est médiatisée qu’aujourd’hui, mais elle existe depuis toujours.

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J’en ai marre. Je suis lasse. J’ai tellement envie que tout cela s’arrête que je suis presque, presque au bord du renoncement. Lâchez moi, moi et ma sexualité, moi et mon droit d’aimer les femmes tout comme celui d’aimer les hommes, moi et celui de fonder un jour une famille. Laissez moi tranquille, cessez de me juger, parce que je n’en peux plus d’être jugée pour mon droit à AIMER.

Nous sommes la risée du monde. Partout, les droits et l’égalité gagnent du terrain, et surtout, NULLE PART, les évènements et les manifestations de haine ne sont en une de la presse, simplement parce qu’ils n’ont pas droit de cité. Parce que ces pays ont des couilles et défendent leur citoyens. Parce qu’on a compris qu’une société, ça évolue, et surtout, qu’un droit à épouser son ou sa partenaire est essentiel pour défendre l’égalité.

Il paraît que les antis ne sont pas homophobes. Ne me faites pas rire. Quand on défile dans la rue par milliers pour enlever un droit à des êtres humains, on est animé par la haine. Quand on met ses enfants en premier rang pour éviter d’être gazé, on est animé par la connerie. Quand on pretexte que Dieu, qui, je le rappelle, n’est qu’une croyance sans fondements, va se venger et ouvrir les enfers sur nous, on est animé par l’aveuglement le plus fondamental proné par l’Eglise depuis toujours.

Nos familles, celles des deux papas, des deux mamans, des trois parents, quatre même sont des familles qui vont donner jour a des enfants heureux, équilibrés, qui savent parfaitement ce qu’il faut pour faire des bébés, mais qui n’iront pas juger untel sur qui il décide d’aimer. Ces enfants sont baignés dans la tolérance, ils voient les combats de leur parents, les preuves manifestes de cette homophobie ambiante dégueulasse, et ils réagissent comment ? Ils se renforcent. Ils se rendent compte avant les autres que les cons regressistes, il y en a partout. Et ils passent leur chemin. Et ils sont heureux avec leur deux mamans, leur deux papas, leurs beaux parents du même sexe. Parce que pour être pédé ou gouine aujourd’hui et vouloir fonder une famille, il en faut, un courage, et il en faut, une patience. Pas d’enfants accidents, pas de trous de capotes, pas d’erreurs de contraception. Ces enfants sont voulus, ces enfants sont aimés quand ils ne sont encore que des projets, des envies folles, des rêves de chaque instant, de chaque seconde de chaque minute de chaque heure de chaque jour.

J’en ai plein le cul. J’en ai marre. Ils me gonflent, ces enfoirés d’antis, et leur homophobie bedonnante et couronnée d’une immunité quasi totale, vous êtes des connards, vous êtes des égoïstes, vous êtes des dangers pour la liberté, pour l’égalité, pour la fraternité, et pour le pays en général. Vous êtes la risée du monde.

Rendez-vous compte. Si je venais à embrasser un garçon sur la bouche dans la rue, je passerais incognito. Si je venais à embrasser une fille sur la bouche dans la rue, je serais susceptible de tomber sur un de ces antis galvanisés à la haine, et je pourrais perdre la vie parce que j’aime. Depuis quand l’amour est-il une honte ?

Je suis fière de ma sexualité. J’aime tout le monde, sans disctinction de sexe, de couleur, de religion, de croyances. La seule chose que je refuse, c’est la haine guidée par la bétise.

Dire qu’il y a un an j’ai écrit ça. Me dire que j’étais déjà dans le vrai me glace le sang. N’hésitez pas à partager cette foutue lettre, et par pitié, rendez-là anonyme. Je ne cherche pas la reconnaissance de mon travail, je cherche juste à faire passer le message.

Cher ami homophobe, 
 
 
 
Oh oui, tu as bien lu. Ami. Je ne suis pas comme toi. Je ne te déteste pas. Toi tu vomis ta haine envers moi et ma communauté, mais moi, je ne sais pas détester les gens, même comme toi. Tu sais, si j’aime les filles, et si je roulerai une pelle à ma chérie devant tes yeux révulsés, ce n’est pas pour le plaisir de te provoquer. C’est juste parce que je l’aime, et comme je trouve que l’amour, c’est quand même un truc drôlement chouette, eh ben, comme ça, hop, je lui prouve que je l’aime. Tu sais, l’amour, tu devrais essayer, ça change la vie. 
 
Tu parles de nous taper dessus, de nous cracher dessus, tu nous dis malades, tu nous vois comme une honte de société, mais dis, est-ce que tu nous connais ? Est-ce que tu sais qui on est, est-ce que tu vis nos vies, est-ce que tu t’es dis que t’allais peut être tenter de nous connaître avant de nous juger ? 
Non. Bien sûr que non. Parce que si c’était le cas, si tu savais qui on est, tu nous aimerais. 
 
Tu te rendrais compte qu’on est comme toi. On a des boulots, des apparts, des amis, des problèmes, des familles, des chiens, des chats, et des fiancés et fiancées qu’on n’a même pas le droit d’épouser. Ouais, là pour le coup, toi, t’as le droit de te marier à qui tu veux et de divorcer et de recommencer. Ben tu vois, nous, on peut pas. Nous, on est obligés de battre le pavé tous les ans pour dire qu’on le veut, ce droit. 
 
Viens avec moi, ami homophobe. T’es pas obligé de me tenir la main si je te dégoûte tant, t’inquiètes. Au pire, j’ai des lingettes alcoolisées si tu me frôles, tu pourras te désinfecter. Sait-on jamais, j’suis peut être contagieuse. Viens avec moi. Viens faire le tour de ma communauté. Je vais te présenter les gens qui tiennent nos associations, parce que, tu sais, c’est pas en claquant des doigts qu’on va y arriver. Nous, on se bat tous les jours, on n’arrête jamais, on écoute les victimes de ta bêtise, on les console, on leur dit qu’on ne lâchera jamais rien, on panse leur blessures physiques et morales. Est-ce que tu réalises seulement le sang dont tes mains sont tâchées ? 
 
Est-ce que tu sais quels abrutis tes propos vont galvaniser, et croire que taper sur d’la pédale, c’est bien ? Est-ce que tu les as vus, les bleus, les coups, les membres cassés parce qu’un mec et son chéri ont croisé la route d’individus qui n’ont rien de mieux a faire de leur vie ? Viens, on va aller visiter les urgences qui voient passer ces victimes tous les ans, et tu sais quoi, tu vas être frappé par leur fierté et leur force, parce que même si ils et elles ont la peur au ventre sans arrêt, ils et elles continuent de battre le pavé, de parler, de pointer du doigt les coupables. 
 
Tiens, puisqu’on s’arrête aux urgences, je vais aller te montrer les centaines de gosses qui tentent de se foutre la tronche en l’air toutes les semaines parce qu’ils subissent l’homophobie de plein fouet. Je vais te les montrer, les poignets tailladés, les boîtes de médocs avalées, les défenestrations, et les cicatrices qu’ils vont garder à vie parce que leur vie sexuelle est pointée du doigt. Je vais pas aller te montrer ceux qui sautent des ponts, ou sur les rails, parce qu’ils ne sont plus là pour en parler. Allez, on va passer par le cimetière, si tu ne sais pas quoi faire, viens fleurir avec moi les tombes de tous ceux-là. Ça ne les ramènera pas, mais qui sait, peut être que le silence d’une tombe d’une gamine de seize pige qui se flingue parce qu’elle aimait les filles, ça va te faire réfléchir deux secondes. 
 
Tiens, puisqu’on y est, on va aller faire un tour en ville. Tu les as vus, ces deux mecs qui se tiennent la main ? Je ne sais pas pourquoi, mais je les trouve tellement beaux. T’as vu, les hétéros qui se prouvent qui s’aiment en public, c’est quand même rare. Tu sais pourquoi nous on le fait ? Parce qu’on aime. Et parce que nous, on a pas le droit de porter des alliances. Parce que nous, on a pas le droit de célébrer dignement notre amour. Parce que nous, on doit se contenter d’un pseudo équivalent, et, t’avoueras, là où on s’est bien foutus de nos gueules, c’est que même vous, les hétéros, vous avez le droit de vous pacser. Mais pas nous, de se marier. Logique ! Tu sais, dans le fond, c’est pas très grave. Nous aussi on peut faire des super cérémonies avec les soeurs de la perpétuelle indulgence (a l’occasion, je te les présenterai, je suis sûre qu’une ribambelle de mecs avec du rouge à lèvres, ça va te plaire)  avec des promesses, des alliances, et des gens qui pleurent toutes les larmes de leur corps parce que rien n’est plus beau qu’un vrai baiser entre deux mecs ou deux nanas qui viennent de s’unir. Et puis, tu sais, même si la société ne les veut pas “vraiment” mariés, eh ben crois-moi, dans les coeurs de tous ceux qui y étaient, ils sont pourtant la définition même de la beauté du mariage. 
 
Oh regarde. Regarde. Deux nanas avec une poussette. Viens, on va leur demander qui est le propriétaire de ce bébé volé. Tu entends ça ? C’est le leur. C’est leur bébé. A elles. Elles sont deux nanas et elles ont un bébé. Tiens, regarde, elles te le présentent. Il est beau, cet enfant, pas vrai ? Il a les yeux de sa mère et le menton de sa mère. Tu sais, ce que ça va donner, plus tard, cet enfant ? Un adulte. Avec une pincée de tolérance de plus que toi. 
 
Tiens, regarde, la nuit tombe. Tu vas bien m’accompagner a une de nos soirées. On n’va pas s’arrêter en si bon chemin. Tu les vois, tous ces gens qui s’apprécient sans se connaître ? Tu sais pourquoi ? Parce qu’on en bave tellement, a longueur de journée, a bouffer tes propos, a se battre pour être acceptés, a supporter les remarques à la con, que quand on se retrouve tous ensembles, on est liés, d’office. Vous, quand vous vous beurrez la tronche, vous vous battez, vous vous disputez. Nous, même avec une légère ivresse, on continue de s’aimer. On ne fait que ça. On s’aime, on aime, et on voit dans chaque nouvelle connaissance une richesse folle, et une raison de plus de se battre pour tout ce que je t’ai montré. 
 
Attends, j’ai pas fini. Viens, on va aller voir tous ces gens qui, volontairement, bénévolement, avec tout leur espace coeur et temps libre, tiennent a bout de bras les associations. Je vais te les montrer, les cinglés qui écrivent des articles a trois heures du matin, ceux qui planifient les actions futures, ceux qui passent leur vie au téléphone a soulager ce que vos victimes n’arrivent pas à soulager. Chaque personne que tu vas pointer du doigt, chaque corps souillé de tes crachats qui va chercher de l’aide, a toute heure du jour et de la nuit, elle va nous trouver. On se bat pour que cette personne sache qui appeller, et surtout, pour que cette personne sache que son combat est notre combat. 
 
Tu sais, nous, les pédés, les gouines, les lesbos, les broute-gazons, les pédales, les trans, les travlos, les à voile et à vapeur, quand un de nous tombe sous vos coups, c’est toute la communauté qui pleure. Sans exceptions. Quand tu tires a boulets rouges sur l’un de nous, c’est nous tous qui tombons. Et c’est nous tous qui nous relevons plus forts a chaque fois, parce que chaque nom de plus sur le mausolée de votre bêtise est un nom de plus pour lequel on va gagner, pour lequel on va tous vous braver, pour lequel on va l’obtenir, notre foutue égalité. 
 
Parce que demain, quand ton fils viendra te présenter son mec, tu penseras a son bonheur. 
 
Parce que demain, quand ta fille se mariera avec une autre nana, tu pleureras parce qu’elles sont magnifiques et parce que tu en es tellement fier que tu veux le dire à la terre entière. 
 
Parce que demain, tu viendras grossir les rangs de nos marches de la fierté, parce qu’on incarne l’amour. Rien que l’amour. 
 
Parce que demain, quand on sera tous et toutes dans les rues a hurler notre joie parce qu’on aura le droit de se marier, parce qu’on aura le droit d’avoir des enfants, tu seras avec nous a sabrer le champagne. 
 
Et parce que même si t’as rien pigé aujourd’hui, je ne te déteste pas. Tu me fais pitié. Tu loupes ce que la vie a de plus beau a offrir. La joie, la beauté, le plaisir, le bonheur, le partage, le courage, la fierté. Et l’amour, bordel. Et l’amour. 
 
 
Sincèrement, 
Axy 
(militante qui aime les filles, les garçons, les garçons qui aiment les garçons, et les filles qui aiment les filles et puis aussi les filles qui aiment les garçons et les garçons qui aiment les filles.)
 
P.S au fait, tu diras a tes copains et tes copines homophobes que même si vous criez fort, on chantera toujours plus fort que vous. Toujours.