Now Is Good (review/critique)

Je suis une grande fan du non-happy ending au cinéma. Presque vicieuse. Et en tant que fille avec des racines moitié hardcores moitié fleur bleue, j’adore les comédies dramatiques, souvent façon romance avec une fin qui va être triste, c’est écrit depuis le début. C’est une espèce de sous-catégorie cinéma mal-aimée, mesestimée parce qu’elle tombe souvent dans le pathos et la crise de larmes, et encore plus souvent, la facilité. Je crois qu’en tant que raconteuse d’histoire, le plus grand défi de ma vie serait d’accomplir un film en tant qu’auteur qui raconterait ce genre de choses mais se sauverait de tous les lieux communs habituels qui dégradent le système inévitablement. Et il y en a beaucoup que j’ai vus, que j’ai aimé parce qu’ils m’ont touchée, mais qui crevaient de clichés et de propos attendus.

Celui qui m’a le plus retournée demeure et reste Third Star, mais elle est hors compétition : pas d’histoire d’amour (pas avec James en tout cas) et Benedict, donc, forcément, je suis une éponge par avance. Mais la manière de traiter les choses, la réunion entre potes, les fou rires tout le long, et cette fin que j’ai trouvée à la fois insuportable et sublime…Third Star est le haut du panier pour moi.

J’ai vu Love Story, bien sur. Que j’ai trouvé inégal et longuet. Un Automne A New York. Qui était une accumulation de stéréotypes, mais la fin et le chirurgien qui jette son bonnet en signe de défait m’a profondément marquée et touchée. A Walk To Remember, qui était tout ce qu’on pouvait attendre d’un film avec Mandy Moore. The Notebook, genre référence ultime de tout le monde, mais que j’ai trouvé un chouilla…Ouais, pareil, toujours un rien dans la même lancée, qui revisite les mêmes choses. En même temps, bon, Nicholas Sparks, fournisseur d’histoire tristes en puissance, et multi-adapté. Sweet November était dans une lancée différente, mais ils ne sont pas allés jusqu’au bout de leur idée, et c’était dommage. Je suis une mangeuse de films tristes avec des jolis gens qui meurent de méchante maladies.

Donc, j’ai entendu parler de Now Is Good cette semaine, et j’ai sauté sur la première occasion pour regarder le film, en dépit de ma quasi aversion pour Dakota Fanning. Ma liste de films à regarder sur IMDB est scandaleuse, il n’y a que de ça…Mais j’ai sauté le pas ce soir (et j’en ai encore deux devant moi dans le même genre)

00000000000000000_89458Le pitch : Tessa à dix-sept ans, une leucemie qu’elle traîne depuis quelques années, et elle a décidé de ne plus se battre et de laisser tomber la chimiothérapie. Elle dresse la liste de ce qu’elle veut faire, et tout en haut, faire l’amour pour la première fois. Tête brûlée, n’ayant plus rien à perdre, elle tente des choses tordues et illégales, mais au final, elle tire la conclusion que la vie est une série de moments qui doivent être vécus avec force…

Le casting : pour le coup, le casting est plutôt pas mal. En plus de Dakota Fanning dans le rôle de la mourrante tête à claques (si, si, je vous jure, première fois que j’aurais bien collé une paire de taloches à une cancéreuse), Jeremy Irvine (“qui ça ?” mais oui vous savez, le mec qui cause au cheval dans War Horse) dans celui du premier-dernier amour, Paddy Considine, vraiment génial dans le rôle du père-pillier, Olivia Williams, la mère paumée qui peine à trouver ses marques dans un divorce qui l’a privée de repères maternels, et Kaya Scodelario (mais si, vous savez, Effi de Skins) qui joue un rôle qui ne nous change pas beaucoup de celui de Effi finalement. Plutôt un joli assortiment.

Le film : Inégal, et coupé en deux. La première heure, qui est plus ou moins une collection de toutes les conneries que peut faire Tessa sous prétexte qu’elle ne pourra pas les faire plus tard, est aux frontières de l’insupportable. Dès les dix premières minutes, j’avais envie de lui courir après pour lui coller une paire de claques. Elle s’essaie à la drogue (champignons, hein) et en fait une vantardise, elle vole carte bleue et vernis à ongles, et quand elle est arrêtée, elle démontre les traces physiques de son malheur, comme si cela excusait son comportement, elle chauffe un mec puis décide que finalement, non, on ne jouera pas à touche-pipi, elle répond de travers à son père, elle est imbuvable, et mono-émotive. Il persiste des scènes qui sont jolies, et toutes avec Adam. L’interprétation mesurée de Jeremy Irvine en fait une bonne contre-balance du caractère de merde de la malade.

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La scène dans les arbres est très douce, très jolie, très poétique, pas très originale, mais plutôt agréable. Les réalités médicales traitées sans détour sont impactantes et fortes, et remontent le niveau global du début du film. Je n’ai pas voulu arrêter, mais j’étais distraite. Jusqu’au moment où sa maladie la rattrappe, et où, d’un coup, elle devient plus belle, plus lumineuse, et où cette histoire avec Adam devient poignante.

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On ne donne pas dans l’immense originalité, ou le traitement novateur de la perte prochaine d’un être si jeune, mais des moments extrêmement poignants et puissants viennent soudainement donner tout son cachet au film, tout son intérêt. Petit à petit, la liste de Tessa, au lieu d’être une collection de bêtises plus ou moins grandes, s’enrichit de petites choses, au fur et à mesure qu’elle survit à un jour ou une semaine de plus.

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La plupart des thèmes traités dans la dernière moitié du film sont abordés avec une sorte de douceur, d’amertume douce, sans donner dans les torents de larmes, mais sans nier la douleur omni-présente, que ce soit via le père, via la mère qui retrouve petit à petit des marques maternelles, le petit frère qui pose des questions brutales et honnêtes mais ne manque jamais de ravir Tessa, Zoey pour qui Tessa veut être présente lors de l’accouchement de sa fille et qui va se rendre compte que le temps va lui manquer, ou Adam, qui, remis de son propre traumatisme qui l’avait empêché de vivre pendant longtemps, reviens petit à la vie alors que Tessa la quitte sur la pointe des pieds.

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Arrive un moment où la maladie s’est tellement répandue qu’elle arrive en bout de course, que l’imminence de sa fin se fait préssante, et où, prenant conscience que le monde va continuer sans elle, elle détruit tout dans sa chambre, et essuie des remontrances l’accusant d’égoïsme de la part de son père avant qu’il ne s’effondre sur l’épaule de sa fille, inversant tendrement et tragiquement les rôles du consolé et du consolant. Ce n’est pas novateur, mais c’est extrêmement touchant et prenant.

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Avec son grand amour, elle invente la vie qu’ils n’auront pas, elle lui invente des enfants, elle lui invente un futur, elle laisse à Adam un goût de vie plutôt qu’un goût de mort. Une fois encore, c’est doux et triste à la fois. Les mots sont justes et percutants, malgré les lieux communs, mais ils sont revisités. D’un coup, Tessa, l’ado turbulente, désobéissante et tête à claques devient une adulte pour quelques jours, elle rassure les gens, elle prépare leur futur tout doucement.

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La fin du film est douce et jolie, puissante et poignante parce qu’on fait un tout petit bout du chemin final avec Tessa, et elle rend le voyage poignant. Pas de flatline, pas de personnel médical, pas de grandes embrassades et de cérémonies infinies et noyées de noir et de larmes, mais plutôt la conclusion de Tessa sur ces moments et sur la vie en général.

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Verdict ? Pas un chef d’oeuvre, ni une création tout à fait originale, mais la première heure longue vaut le coup pour la beauté de la suite. C’est comme regarder une photo de coucher de soleil : on connaît, on sait ce que c’est, mais cela n’en ôte pas sa beauté particulière. En plus, joli traitement de la bande son et de la musique.