Deadstar.

Etoile morte. C’est quasiment exactement ça. Ce poste ne va pas se faire que des amis, mais j’en ai trop sur le coeur pour que cela ne finisse pas par sortir, plus ou moins justement, mais surtout, plus ou moins blessé…

Muse. Mais qu’est-ce qui est arrivé à ce groupe si longtemps adoré, pour qui j’aurais tout donné, j’aurais tout fait, tout enduré, tout bravé. Pendant les six années que cette histoire aura duré – parce qu’il faut bien affronter la vérité, c’est terminé – ils ont été mon moteur, ma force, une sorte de relation de confiance mutuelle si peu trahie, pratiquement toujours satisfaite et magnifiée.

J’essaie de plus en plus de comprendre à quel moment est-ce que ça a déraillé, pourquoi est-ce qu’aujourd’hui ils ne m’inspirent même pas du desinterêt, mais du dégoût. Ou est-ce que le respect que j’avais pour eux est passé, et pourquoi a-t-il disparu si vite, si fort, presque totalement en quelques mois…

Je ne supporte pas ce qu’ils sont devenus. C’est aussi simple que ça. Je ne supporte pas leur américanisation cinglante, pire même, leur hollywoodisation, je ne supporte pas la génération de fan qui n’y comprend rien aux textes, enfin, à ce que les textes étaient, je ne supporte pas leur manière de se fouttre du public qui les a défini et leur a fait confiance pour devenir les superstars qu’ils sont devenus, je ne supporte pas la mentalité et le foutage de gueule ambiant. Tout cela est cinglant, vide, ininteressant et tellement indigne du groupe qui savait pourtant tout défier et tout challenger il n’y a pas si longtemps que cela.

Quand j’entend dire qu’ils privilégient les fans américains en organisant partout des meet & greet, des concours pseudo-artistiques, des showcases minuscules pour des occasions qui puent le champagne et les starlettes, et même, quitte à pousser le vice si loin, oser dire de la part de Bellamy qu’il veut la nationalité américaine et jouer l’hymne américain en intro de Time Is Running Out…Vous plaisantez, j’espère ? C’est un niveau de lèche que je n’avais encore jamais vu et que je ne pensais pas voir un jour. Quand Chris déclarait il y a quelques années qu’ils avaient vendu leur âme au diable – par trois fois quand même – en participant à la B.O de Twilight, je pensais qu’ils avaient compris la leçon, saisi que le public européen était peut être moins “classe” (c’est horrible de penser ça, mais…) mais qu’il était là et comptait rester, si tant est qu’on s’occupe un petit peu de lui, qu’on lui prouve un petit peu sa gratitude pour son amour inchangé depuis près de quinze ans…

Ce qui me fait rire très, très jaune, c’est quand je pense à la sortie de Origin Of Symmetry il y a…Putain, douze ans, et aux américains friqués et bedonnants qui avaient demandé à Matt d’ “édulcorer ses falsetto et de virer ses aigus” et que celui-ci, intègre, sûr d’où ils allaient, les avait gentiement invités à aller se faire têter les yeux chez les grecs…Quelle fière réaction, refuser de baisser son froc devant les ricains, il y avait de quoi être gonflé, et de la part de Matthew, cela ne m’étonnait pas…Pas une seconde. Alors changer complètement d’attitude aujourd’hui alors que le succès est immense en Europe, quel manque de logique. De classe. De style. Quitte à s’exporter, autant exporter du Muse…

Le pire restant de savoir à quel moment les choses ont commencées à déraper dans la tête du gnome. Et de le trouver, ce moment. De l’identifier formellement. De connaître son nom. Kate Hudson. Quand je pense au vrai de sa grossesse (un piège, source amie de Gaïa que j’ai en commun) et à toutes les conséquences que ça a entraîné…Les soirées qui puent hollywood à plein nez…Les interviews qui sentent le fake plus que les seins de Hudson…Ah il est loin le mec en bottes qui avait une ferme auto-suffisante dans le Devon, putain.

Et puis les live. Je les ais vus, les live, glisser inexorablement vers une auto-surenchère visuelle et plus tellement sonore. Quand Bellamy dit que le concert des War Child cette semaine lui a donné envie de revenir vers ça, ça excite tous les fans qui y croient dur comme fer, mais je vous met en alerte : ça n’arrivera jamais. Il joue à ça depuis quelques années, et ses propos sont juste soit déformés, soit clairement hypocrites. Quid de la promesse de ramener Muscle Museum sur la tournée des arenas l’automne passé ? Quid des sets OU LES FANS ONT VOTE BORDAYL sur la tournée des stades 2010 où on a cherché longtemps les titres du top trois mais on les a toujours pas trouvés ? Quid des soirs en mode foutage de gueule avec set lists made in NRJ ? Enchaîner SMBH – IBTY -NSC, si c’est pas de la blague, je ne sais pas ce que c’est…

Et pourtant, cet été-là, j’ai vu des choses qui m’ont redonné confiance, parce qu’ils se sont rapprochés de l’essence qui m’avait tant plu à la base…Quand ils lâchaient le décor des stades pour les festivals, on revenait aux fondamentaux. Glasto, bordel. Glasto. J’avais beau être compressée comme jamais, sentir mes côtes craquer, et connaître les titres (à l’exception de Where The Streets Have No Name, pur choc génial), tout était recentré sur la musique, ça sortait des terrains battus, on était dans de la folie pure, dans du délire, dans ce que Muse avait toujours été pour moi. Preuve qu’il restait cette essence. Preuve qu’elle n’était pas complètement dissoute dans un cinquième album en demie-teinte.

Pourtant, The Resistance, bordel, j’y ai cru. J’y étais, au Seaside, je les ai découverts en live, sans leak, sans suspicions, sans pré-écoutes, en cash, brut, et c’était bon. Oh que c’était bon. C’était magique, c’était d’une force surhumaine, presque plus la deuxième fois encore. J’étais confiante. Je l’attendais, cet album. La chute de puissance d’octobre était imprévue, et elle m’a fait un mal fou, parce que je n’avais jamais envisagé qu’ils puissent me décevoir.

Là, entre les serrages de main du public (où est le “i’m immensely shy and I don’t think i am a very good singer” ?!!), les glissades quasi-millimétrées, on a l’impression de voir un groupe robotisé. Tout est misé dans le décor, dans la scènique, alors que ce que les vrais fans, ceux qui aiment la musique pour ce qu’elle est, n’attendent qu’un concert brut de décoffrage, sincère, honnête, qui peut partir en vrilles à tout moment.

Et dire qu’il dit qu’il va slamer cet été, et que des gens le croient…Sur le plan de la sécurité, c’est impossible, ne fut-ce que par les trois mètres d’espace entre la scène et le public. Il donne des espoirs qui ne vont pas être satisfaits. Il ne faut pas croire Matthew. C’est une pute. Au sens littéral. Il dira tout ce qu’on attend de lui, pourvu que la critique ne lui tombe pas dessus. Le jeune homme free as a bird qui crachait sur tout ce qui lui inspirait du mépris il y a quelques années est parti loin…

Dois-je tirer sur l’album ? Qui slalomme entre quelques titres vraiment bons (Supremacy est du grand Muse, Panic Station prend tellement le contre pied funky que c’en est jouissif, Follow Me élève le niveau de la pop global) avec des trucs sans sens, qui ne sont même pas du Muse. Faire chanter Chris est une hérésie, une trahison identitaire du groupe.

Alors, aujourd’hui, quand je les vois jouer Dead Star pour les 2000 chanceux au War Child, je trouve ça abusé. Comme quoi, faire une set-list digne de ce nom, c’est pas si compliqué, et je sais mieux que personne pour avoir vécu en grand Dead Star (Marlay Park, V Fest) qu’elle donne sacrément en live extérieur. Si seulement ils donnaient au live une vraie chance de partir en sucette, et pas de s’auto-reproduire d’un soir sur l’autre…Si ils donnaient aux fans des RAISONS d’enchaîner les concerts comme je le faisais, parce qu’il y avait des surprises à chaque fois…Si seulement.

Alors il me fait bien rire, quand il prend des photos de lui dans le métro cette semaine, genre “oh la la je suis tellement normal”. Non, Matthew, tu ne trompes plus personne. Tes photos du jour de l’an, tes photos dans la presse à scandale, tes photos partout et tout le temps, elles semblent peu te déranger. Et que ta gonzesse te ridiculise en direct live à chaque interview, tu ne sais pas faire de thé, tu parles trop vite et sa mère ne t’aime pas, vous vous donnez à manger à la becquée…

Pourtant, la musique aurait bien besoin de toi, mon grand. Enfin…Mon petit. Réveillez-vous, bordel, et surprenez moi.