[soundtrack of my life]

Incroyable, les choses qu’on peut apprendre sur quelqu’un rien qu’en regardant sa librairie musicale. On peut déterminer un niveau de bien être rien qu’en regardant la liste des titres présents dans un itunes-parce que bon, on a tous un itunes, plus personne ou presque se prend la tête avec un WMP-et pratiquement établir une carte mentale de la personne. On peut définir les mélancoliques, les joyeux, les fangirls, les fêtards, ceux pour qui la musique n’est qu’un détail, ceux pour qui c’est un oxygène, ceux qui souffrent et ceux qui le cachent, tout est pratiquement enregistré dans ce logiciel. Tout.

Hier, j’ai récupéré mon ordinateur après un an et demi de “malfunction”. En fait, ma prise de chargement ne fonctionnait plus. Je ne sais pas pourquoi j’ai réessayé de le démarrer et de le charger hier, et surtout, comment avec une manipulation minimale, j’ai réussis à faire repartir la bête. La joie de retrouver un terminal d’écriture a quelques jours des deadlines éditeurs mise à part, rallumer la bestiole revient à redemarrer une existence virtuelle restée à un point de ma vie que j’aurais préféré continuer à ignorer. Une belle session de reformatage et de changement de paramètres s’est imposée, d’eviction de favoris liés à ma dernière histoire d’amour-catastrophe en puissance-et de remise à jour, mais la partie la plus impressionnante de ce redemarrage reste…La rédécouverte de mon itunes. La vieille version. Celle entre 2011 et début 2012. Celle pendant laquelle j’allais si mal.

J’ai mis la lecture en shuffle, j’ai caché les noms des titres, et j’ai laissé faire. C’est incroyable ce que mon cerveau peut enregistrer comme souvenirs et sensations rien qu’en un seul titre. Ca fait presque peur de savoir toutes ces choses ) portée de main. On espère toujours se débarasser de son passé, sans vraiment imaginer qu’il soit emprisonné dans ce qu’on aime. Mais c’est le cas…

Rien qu’à l’ouverture de ma librairie, le bazar qui y régnait m’a frappée. Je deteste ranger les fichiers informatiques, quels qu’ils soient, mais depuis un an et demi, je m’étais habituée à l’ordre dans la librairie de ma coloc que j’utilisais de temps à autres pour mettre mon ipod à jour. Alors forcément, quand la bête s’est ouverte, je me suis bien marrée, le merdier qui y régnait était impressionnant. A vrai dire, il y est toujours…

Le top 25 de l’époque n’a plus rien à voir avec celui d’aujourd’hui. White Lies domine, Flo surnage, Hurts ici et là, deux ou trois errances pop qui me servaient à décompresser quand j’écrivais…Je n’ai jamais pu écrire en écoutant Muse ou White Lies. Chose paradoxales, je n’écoute plus que The Killers MEME en écrivant. Décidément…

Je n’arrive pas à écouter White Lies, même en redécouvrant ma librairie. Souvenirs, blessures, incertitudes quant au futur de mon histoire avec le groupe (majoritairement problèmes de hispterisation du bassiste qui me chagrinent)…On verra ce que ça va donner dans le futur, mais pour le moment, aborder les anglais, c’est compliqué.

Naturellement, ma librairie déborde de Muse, encore. Quand j’ai lancé une écoute en shuffle et en blind test (micro lecteur), je suis tombée sur eux à de nombreuses reprises…J’ai eu beau essayer de les supporter, il semblerait que les émotions liées ne soient mortes pour de bon. Je ne parviens pas à resusciter les sentiments. C’est vide, j’ai l’impression d’être une huître creuse. C’est desespérant. Même Ruled By Secrecy, ma mienne…Rien à faire.

Ca m’a fait très peur, et ça m’a fait paniquer. Au final, je pense que je suis dans une telle logique de liberté, de gain de nouveauté et de profit superbe que je dois renier tout ce que j’ai ressenti et été. Peut être que dans quelques semaines, quelques mois, je vais parvenir à remettre la main sur tout ça…J’ai du mal à croire que tout cela soit mort. En tout cas, j’espère que non.

Plus loin dans la progression de ma librairie, j’ai trouvé quelques preuves de ce que j’avance vis à vis de The Killers : quelques titres, et surtout, une majorité d’écoutes pour…When You Were Young, bien sûr. Autant White Lies a deterré des blessures mal cicatrisées, autant Muse a renouvelle une forme de lassitude teintée de deception, autant trouver mes américains là dedans m’a infiniment fait plaisir et sourire. Ils ont toujours été là. Toujours.

Du reste, j’ai trouvé pas mal de choses originales et drôles là dedans. Des Bandes Originales en pagaille, de tout. Moulin Rouge, Titanic, Un Homme D’Exception, Le Seigneur Des Anneaux, Braveheart, Le Dernier Des Mohicans…Tous ces morceaux qui ont marqué mon écriture et ma vie en général, depuis toute petite. Pas des morceaux joyeux. Au contraire. Plutôt les titres les plus tragiques et les plus tristes…Finalement assez commun et marquant de mon état d’esprit. Je n’allais vraiment pas bien, et même si je m’en servais comme impulsions pour écrire le roman, le fait est que c’est un témoignage évident de mon état mental et psychologique.

L’experience était bizarre. Vraiment bizarre. C’est comme revenir en arrière de quelques temps pour assister, de loin, à des fragments de vie.