[not march 31st]

Je menais de front ma nuit (oui, je vis pas mal la nuit en ce moment, à cause de l’écriture) en étant de plutôt bonne humeur, quand j’ai brusquement réalisé la date. Demain, c’est le 31 Mars. J’ai cette putain de date gravée dans l’intérieur du poignet, avec trois étoiles, quatre lignes de chanson et un nom de groupe.

Muse

J’avais deux choix. Soit je m’en foutais totalement, passais au dessus du 31 Mars sans y penser, et on en parlait plus pour un an. Mais ce serait dire que je regrette le beau et ne regrette pas le mauvais. Et ce serait mentir. Bien sûr que je regrette. Amèrement. Cruellement. Bien sûr qu’il reste un trou de la taille du Texas (qui est un pays, n’est-ce pas Brandon) à l’intérieur, un trou et six ans de ma vie qui me sont sur les bras comme un poids mort. La question principale restant : et ces souvenirs, j’en fais quoi ? Je les range, les stocke, mets mon mouchoir par dessus et n’y pense plus ? Je les ressasse avec colère jusqu’à m’auto-mutiler ? Je fais mon devoir de veuve une fois par an, en tentant de ne pas laisser l’amertume environnante me gagner ?

Le fait est qu’il y a sept ans, je m’apprétais à vivre une des journées les plus décisives de ma vie, et une des plus importantes, puisqu’elle m’a tirée de bien des mauvaises passes, et surtout, elle m’a envoyée sur le chemin de la rémission. Elle a tué la depression sévère qui s’était emparée de moi bien, bien auparavant. Elle a tout changé. Tout.

J’aurais tout fait. J’ai parcouru plus de 11 000 kilomètres, passé une vie et demie à attendre pour un train, avion, concert, bus, métro, j’ai dépensé tous mes sous, au centime près, je me suis rendue folle, malade, vivante, magique, heureuse, surtout. Tellement heureuse. J’ai gravé des images dans mon âme, des trucs que ceux qui ne l’ont pas vécu ne peuvent qu’imaginer. Je me suis mise misérable a force de manque, j’ai hurlé de joie en apprenant des tournées, j’ai vécu tous les excès qu’une vie de fan peut comprendre. J’ai tout fait, je me suis vendue, je me suis blessée, je me suis fatiguée, j’ai vu plus de choses que la plupart des gens ne verront en une vie entière. J’ai littéralement brûlé la chandelle par les deux bouts.

Et puis il y avait surtout ce groupe, qui avait tout justifié, même ce qui ne pouvait pas l’être. Ils m’en ont appris, des choses. Ils m’en ont montré, des merveilles. Ils m’en ont guéri, des blessures. Ils en ont crée, des rêves, et plus encore, ils les ont presque tous réalisés.

Presque.

Celui qui me tenait le plus à coeur, celui contre lequel je me peletonnais, celui pour qui j’ai tout essayé, c’est celui qui s’est effondré, et qui n’a plus le moindre sens aujourd’hui. Comme si je m’étais réveillée après un long coma au pays des chimères. Comme si d’un coup, la magie avait décidé de cesser de fonctionner.

J’aurais parié sur tous les dieux, et tous les diables, à l’époque, que non seulement je serais toujours liée à eux aujourd’hui, et surtout, que personne ne pourrait jamais me faire un effet plus…Fort qu’eux.

Ces deux constats sont deux chimères.

Aujourd’hui, au mieux, ils m’inspirent de l’indifférence, et au pire, un rire jaune, tellement desabusé. Quand je vois qu’ils sont collés dans une compil NRJ entre one direction et sexion d’assaut, j’ai envie de hurler au sacrilège, de crier à l’ineptie. Quand je vois qu’ils sont dans les pages people des magazines à gonzesse au lieu des pages rock des magazines spécialisés, j’ai envie de m’arracher les yeux. Quand je vois qu’ils mettent six mois à vendre ce qu’ils liquidaient en une demie heure à l’époque, j’ai envie de pleurer. Bellamy est devenu une parodie de lui-même, et pas une drôle. Une triste. On dirait un pantin qui avait sectionné ses propres ficelles depuis des années, et qui s’est fait rattrapper par un fournisseur de chaines qui a remplacé ce qu’il avait mis tant de temps à dissoudre.

Je me demande, souvent, si il se rend bien compte du processus d’auto-destruction dans lequel il est jusqu’au cou. Je me pose la question. Et puis je me demande aussi si il souffre de cette situation, si il la comprend vraiment. J’aimerais lui dire allez, viens, on va se prendre un café et on va tout reprendre depuis le début, on va dêmeler cet enchevêtrement d’emmerdes dans lesquelles tu t’es mis.

Quand j’imagine cette conversation, anonyme, d’ancienne fan envers son idole perdue, j’espère toujours que rien ne va me rappeler la réalité des choses, et que je vais jusqu’au bout de cet entretien. Mais inexorablement, à un moment donné, sur la rive opposée, en face, j’aperçois une bouille familière, qu’elle fut barbue et italienne, chevelue et renfrognée, bouclée et souriante, ou juste formée de proportions qui tiennent de la perfection, et il m’est impossible de continuer à tenter de convaindre Matt de revenir dans le droit chemin, je ne lui laisse pas une chance, et je cours vers mes héros, validant en même temps le fait qu’en 37 concerts, personne ne m’a fait l’effet que eux m’ont fait en trois concerts annulés et une nuit de perfection. Je le laisse là, seul, misérable, avec la moitié des explications restées en suspend. Et l’addition.

Et puis je me pose la pire de toutes les questions, celle que je devrais refuser de manifester, celle que je devrais enterrer à grand coups de pelle, mais qui s’impose quand même…

Ces années, ont-elles été perdues ? Ont-elles été une vague répétition de ce qui se passe, là, aujourd’hui, et dont je suis en pleine mesure de l’impact ?

Je me rappelle de la souffrance inéxorablement liée à Muse. Je me souviens de la douleur, je m’en souviens très bien. Et là…Rien. Ils me manquent tellement, mais c’est un effet positif, ça me pousse, ça me force à reprendre la route, à aller de l’avant, à continuer de me battre. Chaque concert de Muse, les 36 qui comptent (parce que le 37e, je préférerais l’oublier) a toujours été suivi d’une période ou je me sentais plus misérable que la misère, toujours. Alors quoi…Est-ce que je ne me suis pas un peu fourvoyée ? Est-ce que les premiers qui ont pris un bout de mon coeur n’étaient-ils pas finalement destinés à tout emporter ? C’est ce qu’ils ont fini par faire. Abattre leur cartes et présenter une quinte flush contre trois cartes minables, sans sens, sans suite.

Est-ce que tout simplement je ne me suis pas royalement plantée dans le mur ? La question mérite d’être posée. Je ne me suis jamais sentie aussi bien. Aussi bien qu’aujourd’hui. Je suis renforcée, comme si on avait blindé le béton de mes fondations…Avec de l’acier trempé.

Je ne sais pas précisément ce qui s’est passé avec Muse. Si c’était la plus grande des histoires a double sens, ou si je n’ai ramé que toute seule, et que j’en ai eu marre. Une chose est sûre, je ne les aimais pas assez fort pour endurer toutes ces bêtises, toutes ces manoeuvres qui vont pousser le groupe un peu plus loin de ce que j’aimais tous les jours.

Le plus important, naturellement, c’est de savoir où je me situe aujourd’hui, et d’avoir les deux pieds solidement ancrés dans le réel.

Quand à mes souvenirs, ils vont me rester sur les bras encore un moment, je le crains. Peut être qu’un jour prochain, on pourra recréer quelque chose.

J’en doute.

Et surtout, je doute d’en vouloir.

Je suis bien où je suis.

The Killers

Je ne souhaite plus être nulle part ailleurs. Nulle. Part. 

The Killers

[truc de midinette]

Je vous jure.

J’ai 28 ans dans tout pile une semaine. Grosse victoire sur plein plein plein de plans, et surtout, triomphalisme pétaradant sur mon “je vous donne quinze jours” d’il y a…Six ans.

L’année passée fut sans aucun doute celle qui m’a le plus façonnée. La plus changée. La plus forcée à changer. Au final, j’y ai gagné en sagesse, en sérénité, en force, en optimisme. Je deviens une vieille chose un peu philosophe, et le chemin semble se tracer de lui même. Je crois que je reste fiable, je sais que je suis la voix de la sagesse pour pas mal de monde, et je suis, dans toutes les erreurs et mon caractère de merde, plutôt en paix avec qui je suis. J’ai un regard critique sur les choses, mais chargé de tendresse pour plein de choses que j’aime. Et plein de gens.

Certaines choses me font encore sortir de mes gonds, notamment vis a vis de certaines fandoms, et n’allez pas croire que Muse soit seul titulaire du diplôme de casse couilles. Chez les Ricains, on en voit de bonnes, et la fangirl est légion. Et je me dis que je suis trop vieille pour ces conneries, que je ne suis centrée que sur la musique, et au diable les groupies…

Et puis vient ce drôle de moment où tu te rends compte que finalement pas si vieille que ça…Quand arrive ce rigolo sentiment du crush semi-musical, cet état de jeune fille en fleur qui a dépassé la puberté et craque juste pour un musicien, sans remettre en question ni son intégrité mentale, ni son identité sexuelle profonde. Juste cet état de “il a quelque chose qui me fait craquer”. Ni plus, ni moins, mais les mini papillons qui vont avec ne font pas de mal. Je suis bien trop imbibée de respect et de limites privé / public pour courir après l’animal en gueulant “I WAAAAANT YOUR BABIEEEES” (nb : de toutes façons je suis cassée ) ou pour stalker jour et nuit et nuit et jour a m’en damner pour une adresse d’hôtel. Ou même pour franchir la timide barrière entre fan et idole, mais il n’empêche que je me permet cet interlude, je m’autorise cette petite douceur qu’est celle d’avoir un préféré…Plus plus dirons-nous. De ne plus être vraiment objective, et de pouvoir en prendre plein les mirettes en live, malgré l’extraordinaire show man qu’est Brandon. Mes yeux parviennent a se décoller de mon parfait leader pour aller tutoyer mon imparfait guitariste, dans une forme délicate de crush à la fraise.

Vous me direz, comment ne pas craquer…

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Je vous l’avait dit. Plus vraiment objective…

Miss Atomic Bomb

You’re gonna miss me when I’m gone, chante le mormon de mon coeur. Eh ben ce con, il avait plutôt mis dans le mille quand il a écrit cte merveille, tiens.

Quinze jours bien tassés depuis le choc, et je ne suis toujours pas en post gig depression, chose qui me laisse sans voix, pour le coup. Par contre, faut pas déconner, je ne peux supporter que 45 secondes grand max des titres enregistrés au Dôme(eh ouais parce qu’un gentil monsieur il a tout enregistré, de Mr Brightside à Brandon qui quitte la scène, plutôt cool le hollandais) sans fondre en larmes.

Mais ce n’est pas de la PGD. C’est du choc, du contre retour de truc de dingue. Ca me pète généralement à la gueule quand j’écoute Forever Young. Je mesure à quel point mes mots de review étaient faiblards, tellement ils ne qualifient pas la vérité de ce qui s’est passé a Amsterdam. Tellement pas. Tellement petits, tellement limités. J’ai tellement pas assez d’imagination pour qualifier le truc dans sa vérité, comme le temps s’est arrêté, comme plus rien n’a compté, comme ça me pousse, comme ça a changé plein de choses dans ma tête, comme ça a mis du mastic dans des fissures, comme ça a pansé des bibis plus ou moins gros, comme plus rien n’a la même saveur. Comme ça a été magique.

Curieusement, il se passe un merdier phénoménal dans cette fandom, un truc a faire monter au créneau et gueuler après tout le monde, groupe compris, mais même les insupportables tacos qui la ramènent en leur sautant partout et tout le temps, même les merdes Livenation qui font râler tout le monde, même les trucs surréalistes dit et vus…Ca me passe un peu au dessus de la tête, tellement je ne suis tendue que vers ce fait tout simple : personne ne m’avait fait ça avant, et surtout, je suis prête à beaucoup pour vivre encore cette puissance. Même les bêtises à côté, je m’en fiche un peu. Je les aime et les veux eux. Juste eux. Et moi. Dans la même salle. Peu importe où et peu importe comment, peu importe de quelle façon et quand. Heaven can wait.

Sinon…Je me découvre un chouilla moins boudha que je le croyais. Moi qui arrondissais tous les angles et cherchais un terrain d’entente pour tout et partout, j’aurais tendance a être un CHOUILLA moins posée et moins lâche, probablement aussi. Je rentre dans le tas plus facilement, et sans me mettre la rate au court bouillon. Disons que faut pas me chercher de trop, sinon je vais l’ouvrir. Sensation drôle. Je suis tellement blindée de force que ça tient de la drogue.

Oh, et j’ai recommencé à écrire. Une histoire a base de gens qui s’aiment mal, trop, pas assez bien ou trop tard. Et de néons bleu électrique. Et de conte défaits.

Je ne voudrais pas m’avancer, mais je crois que je vais…Bien. Juste bien. Sans plus, sans moins, sans chichi, juste…Bien.

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Merci les gars. Pour une belle bande d’outsiders…

 

P.S. le premier qui déconne sur Maya l’abeille, je vous rappelle qu’une baguette mal lancée, ça peut faire mal. Seul Ronnie peut porter les pulls Maya sans que tu l’ouvres, parce que, bon, hein, hé…Il est trop balèse pour se fouttre de la gueule de son pull.

P.S2 je vous l’accorde, être gaulé comme une armoire à glace et détaller avec des rayures jaunes et noires, ça fait pas sérieux.

I Feel It In My Bones

C’est une nuit tout à fait curieuse. Pour beaucoup de raisons. Peut être même trop. Tout est un peu brouillard, un peu incertain, un peu bizarre. Si on considère où j’étais il y a une semaine, il n’est pas spécialement compliqué de comprendre pourquoi je me sens toute chiffon…

Une pauvre review, aussi longue fut-elle, n’explique malheureusement pas ce qui s’est passé, ni à quelle force c’est arrivé. Ce que ces deux heures furent, je vais le porter en trésor toute ma vie, qu’importe que je le vive à nouveau une ou mille fois. Ca dépassait l’entendement. Ca deglinguait toutes mes certitudes. Ca foutait en l’air tous mes idéaux. D’un coup, d’un seul, il n’existe pas de plus bel endroit sur terre, sans le moindre doute, sans la moindre hésitation. Sans le moindre rideau de questions ou de oui, mais…Rien de tout ça. J’étais là, ils étaient là aussi, et entre nous, le lien était plus fort que ce que je n’aurais pas cru avoir un jour la chance de vivre. Je pourrais en user, des mots, je pourrais en chercher, des sens, des qualificatifs, des images, mais rien, jamais, ne pourra rendre justice à ce que ce moment à été. Je ne peux pas être dans un état de dépression post-miracle, simplement parce que mon cerveau n’y a encore rien compris. Il est resté figé sur des émotions, mais il n’a pas saisit leur signification une seule seconde. Je ne sais pas si je vais comprendre. Je ne sais pas si je le veux.

Dès le début, dès les premiers instants, j’ai été intégralement coupée du monde. Et mon cerveau à toujours carracolé à toute vitesse, incapable de s’arrêter une seconde, je ne sais pas ne pas penser à cent mille choses, et me laisser bouffer par elles. Je n’ai jamais réussi à le faire. Et là, d’un coup, les premières secondes de Mr Brightside ont débranché la prise. Plus de soucis, plus de doutes, plus de démons, plus de douleurs, plus de peine, plus de questions. Plus rien de tout ça. On a quasiment crée un lien qui tenait de l’extension d’âme, de la greffe pure d’émotion. Je ne sais pas pourquoi eux, et pourquoi pas les autres. Je n’en suis pas à mes débuts en concert, ni si loin, ni si grand. Je ne sais pas pourquoi eux ils ont réussi du premier coup un tel résultat, sans même tâtonner, en tapant dans le mille dès le premier essai. Ce serait odieux de ma part de dire que c’est le premier groupe que j’aime tant, ce serait faux. Mais c’est ceux que j’aime, même un peu, même mal, même pas totalement, depuis le plus longtemps. Alors peut être que de les avoir eu autant de temps là, à mes côtés, fait que quand ce qui aurait du arriver depuis si longtemps a eu un tel effet.

Je ne suis pas en déprime. Je ne bade pas. Par contre, je suis épuisée. Mais comme rarement je l’ai été, comme je ne le suis que lorsque j’ai fait une crise, par exemple. Ce genre de fatigue qui tient plus du vide intérieur, et qui demande plusieurs jours, parfois plus, pour revenir à la normale. Je passe mon temps à dormir. Et quand je me réveille, je ne comprend toujours pas. Je sais seulement que je veux plus que tout, plus que n’importe quoi, avoir cette chance encore, parce que ces deux heures-là furent plus belles que tout ce que j’ai vécu de plus beau en presque 28 ans. C’est absurde de beauté. Surréaliste de perfection. Presque injuste pour les autres, qui, définitivement, m’ont perdue pour toujours, ou pour au moins, autant que mon toujours est sensé durer.

Durant ces trajets qui n’ont pas toujours mené là où je le voulais, j’ai eu l’occasion de réfléchir énormément. Plus que d’habitude. On en retire le poids social, sur la route, on se laisse aller aux possibles, à la chance de l’innatendu. Peu importe la forme que celui-ci prend, et j’ai expérimenté une vaste palette d’innatendus ces deux dernières semaines…Mais au moins, en transit, vers quelque part, on va forcément vers une promesse, ou un espoir. Peut être que c’est ce qui fait mon obsession de la bougeotte, du voyage, peut être aussi que c’est cette absence qui m’a presque tuée l’année dernière. Quoiqu’il en soit, tout semble en suspend quand on est dans un bus, un train, une voiture, un avion, un bateau, un métro, un tramway, ou quoique ce soit qui est dans la capacité de relier deux points. Tout semble amoindri, comme si les horreurs ne pouvaient plus si bien nous toucher quand on bouge. C’est une chimère, n’en doutons pas. Mais cette illusion, après tant de batailles contre moi-même, demeure une des plus insaisissable et des plus précieuses. Est-ce ce qui m’a forcée à avancer alors que stagner, s’arrêter, voir même reculer aurait été plus facile ? Je n’en sais rien. Mais j’ai retrouvé cette semaine des éléments de mes propres fondements que j’avais presque oublié.

J’ai du les amoindrir en prenant les choses pour acquis, et en les pensant gagnées d’avance. Que ce fut dans le cas de White Lies ou de Muse, j’ai connu la répétition, l’orgie de dates de suite. Je n’ai pas eu le temps de les désirer, de les céder a d’autres, de les voir disparaître sans que je ne puisse rien faire pour les retenir. D’avoir tant voulu celui-ci, et d’avoir fait presque quatre fausses couches de rêve dans la foulée ne pouvait que donner une force encore plus impressionnante au vrai quand il est arrivé. Ca a contribué à ma claque. Conserver la connaissance de la mortalité des choses, peu importe ce qu’elles sont. En garder la notion à flot. J’en ai tant profité parce que j’ai tout à coup saisi ce concept de manière très nette, très blessante. Je suis allée jusqu’à eux, et ils m’ont loupée une fois encore.

Quand je suis arrivée Dimanche à Amsterdam, que je savais par un miracle de bazar que cette fois, rien ne nous séparerait plus, je me sentie investie d’une force impossible à expliquer ou à comprendre. Ce n’était pas tant de pouvoir tomber sur un d’eux au détour d’une rue inconnue, non, c’était presque la douce folie de respirer le même air qu’eux, de me savoir a proximité sans espérer une rencontre. Juste de le savoir. Je ne réclamais rien de plus que cette sensation un peu curieuse, de me dire que ce que je dévorais des yeux, ils l’avaient probablement, sûrement vu avant moi, et que peut être même qu’ils le verrait après. Peut être juste après. Peut être qu’ils étaient juste à côté, quelque part tout près, mais je m’en fichais. Je ne voulais pas d’une proximité immédiate. J’en voulais une approximative, une de quelques kilomètres, au stade où j’en étais, cela me suffisait. J’en étais arrivée à ce point de les vouloir. J’avais atteint le summum de l’attente, le point de cumul maximal de ce que je pouvais supporter encore sans eux. Ce n’était pas un luxe, ce concert, c’était une nécéssité. J’étais sous assistance respiratoire, dans un coma inquiétant et depassé depuis plus d’un an, il me fallait ce coup de main, il me fallait cette renaissance. Elle ne m’a pas déçue. Ils ne m’ont pas déçue.

Au final, même si pour le moment je suis un peu hors service – et que Dave avait raison, je vais être malade – ce que j’ai trouvé là-bas est déjà en train de me pousser. Peut être pas à devenir meilleure, mais certainement à forcer encore le trait de mon propre portrait au crayon, d’accentuer certains aspects qui me semblent essentiels. Ma vie ne va peut être pas être plus facile avec eux, mais j’ai au moins la certitude qu’elle sera plus vraie. Les chemins et les choix que je fais, ceux qui ressemblent à des bêtises aux yeux du commun, me paraissent curieusement comme étant les seuls possibles, dans mon état, avec ma consistance, avec ma personnalité. Jamais je ne pourrais les remercier assez pour avoir débloqué le noeud au creux de moi et donné accès à des réponses aussi essentielles, jamais je ne pourrais leur expliquer non plus. Mais peut être que cette belle relation n’est pas faite pour être expliquée. Peut être qu’elle est juste faite pour vivre, peut être qu’elle est juste mon aire de repos sur le chemin, pas suffisament régulière pour devenir monotone, mais juste là quand il faut et comme il faut. Peut être que ce groupe me donne enfin l’occasion d’être parfaitement moi, sans en rajouter, dans toutes mes contradictions et dans toutes mes erreurs. Peut être que trouver pareil réconfort dans quatre minutes m’envoie dans la direction. Pas la bonne. Pas la mauvaise. Juste celle qui se présente justement.

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Everything Will Be Alright – Une semaine à flirter avec le rêve

Il y a ceux qui voudront se rappeller des chiffres. Quatre concerts prévus, trois d’annulés. Ceux qui voudront se centrer sur ce qui n’a pas eu lieu. Bruxelles, Luxembourg, Paris. Ceux qui diront que ça a du être une semaine difficile à gérer.

A tous ceux-là, je vais répondre que cette semaine, et toutes ses surprises bonnes et mauvaises fut la plus belle de ma vie. A tous ceux-là, je vais répondre qu’au beau milieu de ces intempéries et de ces embûches, il est arrivé quelque chose qu’il faut que je sois extraodinairement chanceuse pour vivre encore, et que je suis prête à tout braver, le froid, la neige, les chanteurs fragiles et les trajets infinis, pour goûter à nouveau, aussi souvent que je le pourrais.

J’ai touché la magie du doigt. Telle que je ne l’avais jamais touchée. Et je suis emplie aujourd’hui d’une lumière, d’une force que je n’avais encore jamais connue. Je ne dis pas que je comprends ce qui s’est passé…Mais je l’embrasse. Avec force et gratitude. Récit d’une histoire de fous, avec des fous, par des fous, et surtout, pour des fous…

  • Brest – Paris  / Paris – Bruxelles : 6 au 10 Mars 2013

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’en quittant Brest ce matin du 6 Mars, sous un timide soleil, je suis au bord de l’implosion tellement je suis excitée. Six heures de trajet vont me calmer, quoique le covoiturage avec Nicolas est plutôt Rock and Roll et empli de fou rires. Jamais je n’oublierais son play back sur Taylor Swift quand il croyait que nous dormions toutes, et son GPS qui nous arrêtait à “porte d’apostrophe italie”.

Durant ces six heures, j’ai pu apprécier des petites choses ridicules mais qui m’ont fait du bien. J’ai pu réaliser pleinement ce que j’étais en train de faire et comme cela contribuait à me lier plus que jamais avec ce groupe que j’écoutais depuis si longtemps déjà. Je n’osais pas les écouter, tellement mon esprit semblait incapable de gérer ce qu’il était en train de vivre.

Arrivées à Porte D’italie (sans l’apostrophe), il fut question d’un square, de récupération d’une place, et surtout, surtout, de retrouver ma Sam, une des gonzesses les plus géniales que j’ai la chance de compter comme amie. Victime de longue date, elle avait tout essayé en vain pour me convertir il y a quelques années lorsque nous nous sommes rencontrées autours de Muse…Et fut la première surprise lorsque finalement, près de trois ans après, je suis passée au camp enemi. Nous voilà l’équipée française au complet, moi, Sam et Jess, mon adorable colocataire qui s’est chargée de me refiler le virus quand elle même a succombé aux mousquetaires de Vegas. Ne reste plus qu’a greffer le quatrième quart belge pour être comme les power rangers, unies (mais pas aussi colorées).

Naturellement, l’excitation n’aidant pas, Sam et moi peinons à dormir et transformons la nuit en gigantesque raison de pouffer comme des bouffones pour tout, rien, et surtout sur des vidéos de chèvres qui crachent et gueulent. Du grand n’importe quoi. Rencontre est faite avec Benoit et Jess, qui viennent encore renforcer le noeud de Victimes dont je fais à présent partie. Qu’il est agréable de partager The Killers avec tant de chouettes gens…

L’avantage des nuits presque blanches, c’est le regain d’énergie quand arrive le petit matin et le moment de se lever pour aller prendre le Megabus. RER, Métro, petit déjeuner au panini poulet-légumes à neuf heures (si si, je vous jure), et on fait délirer la boulangère qui croit qu’on va dans un pays exotique. Tu parles Charles, on va à Bruxelles ! Niveau exotisme, on repassera…

Mon chauffeur de bus, amour parmis les amours, va éclater de rire en voyant ma valise graffitis couverte de messages, trouvant que c’est la “valise la plus cool jamais vue”. Ha ! Lors des messages de sécurité, celui-ci fera blagues et mots d’esprits, nous donnant la sensation d’être les passagers les plus importants jamais transportés. Je resiste difficilement à la tentation de lui faire des grands coucous énnamourés lorsqu’il est remplacé à la Louvière…Et en partant, il nous dit qu’on a été les meilleurs passagers. Même si il dit probablement cela à chaque fois, j’ai bien envie de l’applaudir à tout rompre.

Sur le trajet, les larmounettes sur quelques classiques commencent à poindre. Cela fait plus d’un an et demi que je n’ai pas mis les pieds dans une salle de concert, d’un coup, d’un seul, je réalise comme voyager m’a manqué, et surtout, comme je suis immensément heureuse de ce qui est en train de m’arriver.

Bruxelles. Jeudi 7 Mars, 14 heures 30. Gare centrale. Ce que tu es glamour, ma vieille rageuse…Pas du tout. Pas glamour, et surtout, pas sympa du tout. Trois plombes neuf pour trouver des foutus tickets de métro, parce que ces foutues machines MAUDITES refusent de prendre VISA et Mastercard. SANS DECONNER QUEL PAYS DE MERDE NE PREND PAS LES CARTES LES PLUS COMMUNES AU MONDE DANS SES FOUTUS DISTRIBUTEURS DE TICKETS C’EST QUOI CETTE BLAGUE.

Ne pas s’énerver.

Finalement, un paquet de Tic Tacs orange pas oranges plus loin pour faire de la monnaie, enfin, tenter d’en faire, et Sam qui parachève ma mission avec plus de succès, nous voilà dans le métro Bruxellois. Pardon, le tram. Pardon, le bus. Enfin les transports en communs, quoi. Une bonne heure plus tard, nous voilà au Sud de Bruxelles, a faire cent douze mille kilomètres pour trouver l’entrée de l’Ibis Budget. Pas de problèmes pour trouver l’hôtel même, mais il est entouré de grillages et nous force a galoper un moment. Une fois l’entrée en vue, je me retiens de hurler de joie.

Bilan : une petite chambre toute sympathique bleu et vert. Et en quinze secondes, la paisible chambrette devient un territoire en bordel, animé de rires, de cris et de musique. Pour une sombre histoire de crême hydratante sur la tronche, Sam et moi nous courrons déjà l’une dérrière l’autre dans les couloirs deserts en riants comme des dindes. Bilan ? J’ai fini couverte de substance parfumée à la grenade. Sam 1 Axy 0.

A cet instant, ce qui nous caractérise le plus est mon immense, notre légèreté, notre absence de prise sur les réalités et sur les problèmes de la vie. Le dîner n’est qu’une vaste blague à base de quick qui laissera une tâche massive sur la couette de l’hôtel, entrecoupé de fous rires sur tout, rien, et surtout sur le groupe que nous sommes sur le point de voir en concert.

Techniquement.

Parce qu’au réveil ce vendredi 8 Mars, la chute est violente. Vers huit heures, je suis tirée de mon sommeil par Jess, sur le lit du dessus, qui prononce un “oh non, pas ça” d’une voix tremblotante. Mon coeur s’arrête une seconde. Je crains de comprendre. Un tour sur twitter plus tard, je sais que j’ai compris. Non seulement Bruxelles est reporté, mais aussi le Luxembourg. “Due to illness”. L’envie de courir après Brandon avec une écharpe et une dose de strepsils me prend soudainement. Au final, ce fut a priori lui qui était malade, mais il semblerait que Ronnie se fut blessé aussi. Impossible de savoir ce qui se passe.

Le réveil ressemble à une gueule de bois. Quand Vivi nous rejoint, il est difficile de qualifier notre état. Moi je tiens bon, je souris comme si je le pensais, et je tweete que je fais “contre mauvaise fortune bon coeur”. Les dates sont reportées, c’est une chance. Tout le monde ne le prend pas aussi bien…

Perdues pour perdues, nous allons passer la journée en centre ville avec Magaly, abusant de la friterie, du Hard Rock Café, et terminant ce drôle de jour avec…Une cuite phénoménale essentiellement partagée en Sam et moi. Mauvaise idée de boire quand les larmes ont explosées, très mauvaise.

L’espace temps à ce moment-là est comme distendu, faussé, trouble, comme dans une dimension paralléle. Les blagues mi figues mi raisins ne font pas illusion, et l’amertume est ambiante. Ceci dit, nous nous consolons avec ce qui arrive, même si la perspective de ne pas faire mon premier concert avec Sam, qui a un exposé à rendre lorsque nous serrons à Amsterdam, me brise un peu le coeur.

Samedi est consacré a être ensemble, a aller à Pizza Hut noyer nos gueules de bois à Sam et moi, à cracher sur The Voice, et faire un petit bac infini qui a du passer deux fois et demies par tout l’alphabet.

La seule chose sur laquelle je me concentre : The Killers sont a Amsterdam, et dans douze heures, moi aussi.

Quelques kilomètres sous la neige pour rejoindre le métro, gare du midi, je serre Sam dans mes bras aussi fort que je le peux pour tenter de lui signifier ma rage de ne pas vivre le premier avec elle, un sandwich au thon plus tard et zou, nous voilà dans le Thalys pour la capitale Hollandaise.

Je vais passer une journée en enfer, mais elle va tellement, tellement en valoir la peine….

  • Amsterdam 10 – 12 Mars 2013

Sans déconner, on se pèle le cul dans ce foutu Thalys. La tronche à la fenêtre, on récupère un jet d’air frais à moins douze. SONT DROLES A LA SEUNEUCEUFEU TIENS !!!! Quoiqu’il en soit, j’ai les yeux grand ouverts sur la route, et ne voit que des moulins et des canaux. Mais littéralement que ça. A l’approche de Utrecht ou Rotterdam, je suis un chouilla destabilisée par les bâtiments illuminés de marques que je ne connais pas, preuve manifeste que je suis totalement ailleurs. C’est ce que je cherchais. Ce que je voulais.

Arrivée à Amsterdam vers midi, un constat : on se pèle le cul dans cte ville. Vous me direz, je me pelais déjà le cul dans le Thalys…Pas depaysée, hein !! C’est beau. La sortie de la gare est ultra majestueuse, genre bâtiment sublime façon ancien chateau et tout…La classe.

Première découverte : les transports en commun sont un bordel sans nom. Quatre lignes de métros ultra claires, et a peu près cent douze millions de lignes de tram qui vont de partout à nulle part. Youpitralala, je ne fais pas trop ma maline, ça va être une bordel royal pour trouver l’hôtel. Je trouve sans trop de peine les lignes correspondantes, ET PUTAIN 2 EUROS 80 LE TICKET DE TRANSPORTS EN COMMUN MAIS BORDEL ILS ONT FUME OU QUOI ???

Euh, ah ben oui, ils ont fumé. D’ailleurs, odeur d’origan persistante partout où on va. Doivent aimer la cuisine italienne, ces cons-là…

Naturellement, mes mirettes sont grand ouvertes au cas où nous ne bumpions accidentellement dans un truc venu de Vegas. Sait-on jamais. J’aimerais pas me taper (ahahahahaha) Brandon, ça doit faire super mal. Et ne parlons pas de Ronnie. Breeef. Il est ou ce foutu tramway ? Ah ben là. Et y’a douze lignes qui vont a douze endroits mais sont toutes supposées s’arrêter là ou je veux aller. D’ailleurs, y’a une ligne qui s’appelle quasiment Stoermer (Mark, bande d’incultes) (LE BASSISTE)…A défaut d’infos qui marchent, allons-y alonso, ce sont des signes qui ne peuvent tromper.

Ah cet enfoiré de Mark. On se retrouve trop loin. Bon ben revenons sur nos pas. Et plantons nous deux fois. OUI ALLO CEY LEY TOURISTE FRANCAIS ON EST UN PEU PAUMEY. Derrière nous, le canal, le bâtiment du Heineken tour (eh ouais, les pilliers de bistrot, y’a un musée Heineken avec dégustation, Z’ETES JALOUX HEIN !!) et…Oh putain, là, l’hôtel, qui surgit de nulle part sans même que je ne le cherche. JE FAIS TROP MA MALINOISE.

On se pose une heure le temps que notrepalace reste d’auberge de jeunesse soit prête, et alors là, armée de trois cartes différentes, je chercher le foutu Ziggo Dome où nous somme supposées aller chercher nos places cet après midi. Et alors là, MORTE DE LOL : si mes cartes avaient fait trois centimètres de plus en bas à droite, le Dome, je l’aurais trouvé. PAS DROLE DU TOUT. Enfin, j’ai trouvé la ligne, l’arrêt, Y’A PLUS QU’A.

Chambre prête. Et comment vous expliquer. Comment décrire…Déjà, l’hotel est trois cent mètres après la reception (#concept). Il faut sonner quand on rentre pour qu’on nous ouvre (#lamerde) et il faut qu’un pecno déboule avec la clef pour ouvrire la porte de notre chambre (#WTF) sachant que, merci, je suis grande, je sais me servir d’une clef magnétique sans la perdre (#mesenscommeunegosse). Breeef. On déboule dans une chambre correcte, qui pue l’ancienne auberge de jeunesse quand même, mais au moins, la salle de bain est royale et la douche, ben on peut la prendre a au moins dix. Les lits grincent un peu, et pour éviter que Jess ne dorme à l’étage, on fout le matelas par terre big time. Une nouvelle fois ON EST A PEINE ARRIVEES QUE C’EST DEJA LE BORDEL.

Bon, quatre heures de l’aprem sonnent, temps d’aller se procurer les précieux. Et alors là, je vais maudire toute la Hollande pour les trente générations qui viennent. Leur métro est cool, ils sont trop bien organisés au niveau du centre de divertissement, tout est au même endroit, le multiplexe, le stade de l’Ajax (pas le produit, hein, l’équipe de foot), l’Heineken music hall, bref, tout. Sauf que quand on vous dit que la salle qu’on cherche s’appelle le Ziggo Dome, vous cherchez quoi ? UN TRUC ROND BORDEL DE MERDE.

Perdu. Un gros carré violet. LE FAIL. Trouvé après s’être paumées dans un centre commercial de bourge qui ne vend que des cuisines et des machines à café. Et un mouton qui ressemble à Dave.

Techniquement, nous sommes supposées trouver un box office qui ouvre a cinq heures. BWAHAHAHAHAH. QUE DALLE. Après avoir tenté d’avoir un semblant d’informations auprès de cent douze personnes, on se retrouve face à une PEAU DE VACHE qui nous prend de haut et nous dit qu’on n’aura des places que si on a de la chance une demie heure avant le concert de demain. En se marrant. LA SALOPE.

A cet instant, nous sommes en situations de crise. Le nombre de places disponibles est extrêmement limité, et nous ne pouvons payer qu’en cash à cause des cartes belges victimes de racisme. Retour hôtel, situation de crise. Le trajet Dome – Hôtel, je le passe a maudire ces enfoirés d’américains et a avoir envie de tout envoyer bouler, Paris y compris. Je suis à bout de nerfs et de patience. Cette tournée vire au vinaigre, et je deviens carrément hostile à l’évocation même de ces foutus américains. Calme toi ma grande.

Fort heureusement, j’ai des amies qui déchirent tout, et là, je m’adresse à Mariam, qui vient sauver la situation et nous prendre nos places contre virement remboursement. Et comme la chance tourne, on récupère même des places de salopes ultra mega près de la scène, DU COTE DE DAVE MON POUSSIN D’AMOUR. Enfin plutôt mon mouton, d’ailleurs. Après une heure et demie de stress intense, je me fait draguer pas le receptionniste en imprimant mes places qui me dit “oh ben dommage que je bosse demain, je serais bien venu avec toi”. Euuuh…Ok.

Enfin, après maintes perturbations et autres grosses merdes, nous y voilà. Pas d’annulation, plus de problèmes, cette fois-ci, c’est la bonne, mon baptême est juste là, sur le point d’arriver. Je ne suis plus que bonheur.

Pour fêter tout ça, nous faisons un festin McDo. Claquer vingt euros pour deux en McDo faut déjà le vouloir, mais les émotions et la fumette passive, ça creuse, hein. Et puis leur milkshake poire-pomme DECHIRE TOUT.

Vingt-deux heures, nous voilà de retour au chaud, dans la petite chambrette du bonheur, tout le monde est tout sourire et royalement défoncé, et a même pas minuit, on dort toutes comme des loires, pas tout à fait consciente encore que de cauchemar, on vient de basculer dans le rêve.

  • Ziggo Dome, Amsterdam, 11 Mars 2013

Réveil comme une fleur a quasiment midi, pas complètement encore tout à fait sûre de ce qui va m’arriver. Quelque chose avec un groupe…Que j’aime a priori suffisament pour venir les voir au fin fond de nulle part…

Sous la douche, je tente de me secouer, mais je suis tellement échaudée des deceptions précédentes que toucher du doigt cette chose me semble encore impossible, presque trop belle pour moi, je ne suis pas totalement sûre de l’avoir méritée.

En tout début d’après midi, nous quittons l’hôtel, et les oeillades que je fais à mon fond d’écran commencent à débuter une sorte de compte à rebours terminal vers quelque chose que je ne comprend pas totalement. Le métro Hollandais devient un train de conte de fée, le centre commercial où nous passons l’après midi, un territoire où les rêves sont sur le point de devenir réalité. Nous déjeunons a une terrasse presque dans le vide, où le sol tremble à chaque passage. Curieux. Je picore les légumes dans les assiettes des copines (je dois être la seule tarée au monde a tirer les légumes dans les plats des autres) tout en souriant dans le vide, tellement sidérée, folle de bonheur, ça me dépasse tellement. Les deux heures avant l’ouverture des portes se passent dans les fauteuils top confort du centre commercial où j’ai laissé un petit bout de moi, qui égrennait les minutes comme autant de pierres sur un chemin vers le paradis.

Une demie heure dans le froid a brailler tout fort un live de je ne sais pas où, et nous voilà dans la salle flambant neuve, a regagner des places ROYALES. C’est magnifique, tout en noir et violet, et surtout, là, en bas, pas si loin, se trouve ce que j’ai désiré plus que tout voir ces dernières semaines. Entre moi et mon fond d’écran commence une course à la surenchère de sourires. Difficile de réaliser que les tronches de winner sur mon iPod sont là, a pas cent mètres de moi. Quand on pense qu’ils viennent de Las Vegas et moi de nulle part, les chances pour qu’on se retrouve dans la même pièce en Hollande étaient quasiment nulles, et pourtant…

Vers huit heures, A L’HEURE, arrivent les quatre mecs de Louis XIV, et pour le coup, c’est plutôt très bon. Surtout quand quatre titres avant la fin, le guitariste additionnel qui déboule sur scène n’est autre que monsieur Ronnie Vannucci (qui, bande de moules aveugles de la fosse, est, je le rappelle, LE PUTAIN DE BATTEUR DE THE KILLERS BANDE DE TRUFFES A LA FRAMBOISE). L’absence de réactions des gens debout en dit long, mais dans les tribunes, on est au taquet. Mon esprit commence a comprendre ce qui est en train de lui tomber sur le coin de la gueule. Et c’est énorme.

Entre huit heures trente et neuf heures, mes yeux sont très humides. L’éclair de Brandon (parce que chez nous, les claviers sont déguisés en éclair, ON A LA CLASSE OU ON L’A PAS), la tripotée de basses de Mark, la batterie de Ronnie, les guitares de MON Dave…D’un coup d’un seul, tout devient très, très, très concret. Mais oui. Je suis sur le point de voir The Killers. Dix ans après avoir acheté Hot Fuss. Il était temps.

Sauf que, forcément, espérer que je n’allais pas tomber chèvre avant leur arrivée était une chimère. Attendus sur scène a vingt et une heure, je me retrouve a jouer à la guerre des nerfs avec mon fond d’écran, a checker l’heure toutes les quinze secondes. Tout mon corps tremble, mon rythme cardiaque est bien trente pulsations par minute au dessus de la normale, je suis a moitié fiévreuse, mes mains sont toutes moites, et un noeud est en train de se créer au sein de mon abdomen. Soit ils arrivent vite, soit je vais finir par faire un malaise et tomber dans le coma et ça ferait mauvais genre.

21h03

21h05

21H08

21H11

IL FAUT QUE CA ARRIVE MAINTENANT OU JE VAIS CREVER ET PUTAIN DE BORDEL DE MERDE CA ME FERAIT BIEN CHIER DE CLAQUER APRES AVOIR BRAVE TANT DE CONDITIONS DE MERDE ET DE MALCHANCE ET BORDEL DE MERDE SORTEZ MOI FLOWERS DES LOGES A COUP DE PIED DANS LE CUL (qu’il a de fort joli d’ailleurs) OU JE VAIS M’EN CHARGER MOI MEME ET CROYEZ MOI QUE SI JE REGLE MES COMPTE AVEC LE MORMON IL VA EN PRENDRE POUR CHER CE CON PAS CAPABLE DE METTRE UNE FOUTUE ECHARPE POUR PROTEGER SA VOIX DONT JE SUIS INCAPABLE DE ME PASSERMMMMEEERRRRDDDEEEEE

A croire que je devrais m’enerver plus souvent, parce que là, sur le côté, tout à fait à ma portée visuelle, je commence à distinguer des chevelures qui ne sauront mentir. Une chose aux cheveux longs façon Jesus, et bordel, a y est, je suis amoureuse de Mark. Ma tignasse frisée préférée de tous les temps, Daaaaaave. Le barbu le plus génial de tous les temps (Charles Cave compris) mais lui c’est pas juste, je l’ai déjà vu, et surtout, je vous dirais, cette espèce de bombasse tellement bien gaulé qu’il en fait mal aux yeux…Brandon Fucking Flowers (et sa veste en cuir qui tombe littéralement en lambeaux, temps de sortir un nouvel album et d’arriver avec un nouveau look mon grand, celle-là elle arrivera jamais jusqu’a Wembley !). Et OH PUTAIN JE SUIS DANS UN ETAT PROCHE DE LA TRANSE.

Les lumières sont toujours grand allumées, moyen très persuasif de tous nous baiser la gueule quand au début du concert, et c’est parti pour Mr Brightside.

Et alors là je ne réponds plus de moi. Je suis divisée entre une overdose de bonheur proche de la mort, une tendance a brailler comme un âne des paroles que je connais depuis dix ans bordel de merde, et l’incapacité à fixer mes yeux sur quelqu’un. Je n’arrive pas à me décider. Je les ai tellement rêvés, tellement voulus, que je veux tous les regarder ET JE N’AI PAS QUATRE YEUX BORDEL DE MERDE.

Finalement, je me fixe sur Brandon, pour trois raisons assez frappantes. D’une, il est magnifique, faut quand même pas déconner, c’est pas tous les jours qu’on tombe sur un mec aussi beau que ça.

tumblr_mjjpo1R6LP1r4nt29o1_1280De deux, parce que la voix de ce type est juste absolument surréaliste de beauté et de perfection, a s’en arracher les oreilles pour être sur que c’est le dernier son jamais entendu sur terre. En plein milieu de la chanson, j’avais envie de faire savoir au monde comme ce mec était juste incroyable.

Et de trois, et c’est peut être mon argument préféré, parce que, n’ayant connu que des musiciens – chanteurs, je me demandais ce qu’un chanteur tout seul dans un groupe pouvait bien faire en terme de présence. Eh ben putain, les gens, vous n’avez jamais vu un performer tant que vous n’avez pas Brandon sur scène. Il embrasse la foule, il la tient dans le creux de sa main de bout en bout, du premier instant au dernier, il intéragit physiquement avec toutes les émotions générées par les chansons. A la fin de Mr Brightside, j’en était déjà complètement abasourdie, me demandant comment il faisait pour deborder d’energie a en fouttre le feu a dix mille personnes. Hallucination parfaite.

J’ai a peine le temps de hurler ma joie qu’on est reparti pour un autre moment de dinguerie la plus totale. The Way It Was, où je commence tout juste a prendre pour acquis la perfection faite homme qu’est Brandon Flowers, mais ou je commence à m’aventurer du côté du préféré de la maison, Dave, qui est…A la maison ! Et que je m’appuie sur le décors, et que je suis assis dessus, limite si t’as pas envie de lui demander si il a pas toujours vécu là. Brandon fait du Brandon, il envahit la scène, regarde partout -y compris dans les gradins- et continue d’être immensémen juste dans ce qu’il chante. Nan mais allo quoi. C’est quoi ces mecs ?!!! Je braille comme un âne, je chante probablement faux de la pire façon qui soit, mais noyée au milieu du Dome, on s’en fout, hein. Je suis ailleurs. Coupée du monde, des responsabilités, de mon propre cerveau anxieux et fatigué. Je suis sur une autre planète. C’est impossible à expliquer, il faut le vivre. 

Parmi toutes les découvertes de ce concert, celle de prendre un coup de boule à chaque nouveau titre, et de me sentir transcendée par chaque fin de titre non seulement parce qu’il se termine en apogée, mais aussi parce que je suis excitée comme une puce à l’idée de la suite. Et la suite ne m’a jamais décue, pas une seule fois. Tout a été perfectionné, ce groupe est une troupe d’orfèvres qui donnent a leur travail premier la touche de magie qui rend les titres absolument sidérants de beauté.

Smile Like You Mean It me frappe par les premières larmes, tant parce que la chanson est parfaite, que parce qu’elle me rappelle des souvenirs de dix ans, et que me retrouver là, avec eux, avec Brandon qui sautille comme un lapin et semble ne s’épanouir que là, avec nous, comme si nous étions le meilleur de tous les publics, Mark dont les cheveux volent comme si il nous faisait un remake de la pub Elsève (en mieux), Ronnie qui pointe des gens de temps en temps dans le public en se marrant tout seul, et Dave qui semble entrer en collision avec l’energie de Brandon toutes les deux minutes à chaque fois que celui-ci le frôle pour ne plus faire qu’une sorte de méga source de force et de pouvoir sortie de nulle part…Je ne sais pas ce à quoi je suis en train d’assister, mais je sais que je n’aijamaisjamais, pas une fois, vu quelque chose d’aussi dingue. Jamais.

A peine le temps de souffler et de m’en remettre que nous voilà debout surSpaceman, encouragés par Brandon qui nous fait chanter une fois sur deux, et je suis dans un état proche de l’Ohio (ou du Nevada, pour le coup) parce que cette chanson-délire vient de mon album d’amour, et parce qu’elle est incontrolablement folle, barrée sur une planète à côté de celle où nous sommes. C’est là que me frappe pour la première fois le visage de Brandon, qui, dans son indéniable perfection, est, littéralement, un soleil sur pattes. Il a un sourire qui me cloue sur place, il est aussi bien que nous, il est heureux d’être là, tout dans son attitude prouve que, lui non plus, il n’est d’endroit où il souhaiterait plus être que celui-ci. Je m’en retrouve bouche bée, frappée par cette sensation de faire partie de quelque chose de si fort. Et Dave me fait décidément délirer a grimper sur tous les éléments de décors qui sont à sa portée…Mais qu’est-ce que c’est que ce groupe de dingues ?Quand Spaceman se termine, Brandon vient titiller le piano, et alors qu’on s’attend a changer de titre…Il reprend Spaceman, devenue balade, et me fait fermer ma grande gueule, clouée d’émotion par la chanson qui parle d’un type un peu haut perché qui se voit enlevé par les martiens. Les larmes coulent, c’est sublime. Que dis-je, c’est divin. C’est parfait. C’est magique.

4 titres, et je suis déjà sciée, clouée sur place, incapable de comprendre comment, mais putain, ce que c’est bon.

C’est là que je vais faire connaissance avec la quatrième particularité de Brandon : c’est une pipelette. Pire, c’est un one-man-show a lui tout seul. Il raconte sa life un titre sur deux, et il nous fait rire. Il plante des anecdotes, parle à la foule, rigole tout seul et on suit derrière. Merde, les gens, c’est quoi que ce type qui tient la foule Hollandaise dans la paume de sa main et ne la lâche pas ?!!! Il va nous parler de ses parents, des dogmes d’Amsterdam et de Vegas, prendre soin d’une gonzesse qui se sent mal et ordonner aux vigiles de la faire sortir (et “she needs a hamburger” qui nous fera tous bien marrer), il pourrait nous faire la météo qu’il serait passionnant à écouter. Même Dave en rigole. Je suis sur le cul, bien que debout, et totalement bluffée. Il est fort, le mormon. Il es très fort.

A peine le temps de reprendre un souffle que j’ai perdu il y a déjà une demie heure que je prends dans la gueule un monstre, une tuerie, un titre qui fait partie des plus majestueux et plus immenses que ce groupe n’ait jamais écrit. Bling (confession of a King) qui va s’implanter dans mon esprit comme étant un des trucs les plus parfaits que je n’ai jamais entendu, tant par la participation du public que par la force surhumaine que Brandon met dedans, et par l’incroyable pureté de sa voix, qui, note après note, vient éclairer une chanson qui est entrée dans ma tête comme un des plus beaux moments de musique de ma vie. Et il en rajoute, fait durer les refrains, nous demande de chanter avec lui, et a l’air d’être le plus heureux de tous les temps quand on lui répond. J’en suis au stade où j’ai perdu toute sensation physique, je ne suis plus que musique. Et je n’ai aucune envie que cela change. J’en prends plein la gueule, et je n’ai jamais été aussi heureuse. Tout semble avoir du sens, tout semble avoir concourru a ce que je sois là ce soir, et à ce que le monde ne cesse totalement de tourner. Mon royaume pour ce titre.

Et au moment où je crois que j’ai sûrement, forcément, atteint un point d’apogée, j’apprends à mes dépens que je suis loin, très loin du compte, parce que ce qui suit va me laisser pantoise d’émotion, incapable du moindre mouvement de logique, automatisée par ce que j’aime cette chanson plus que je ne le pensais…Miss Atomic Bomb. Elle me faisait tant pleurer en studio, alors là…Là…Les mots me manquent, mais ce titre semble avoir trouvé le double chemin menant a mon coeur et mon âme en même temps, et a s’installer là haut sans aucune envie de me laisser seule a nouveau un jour. Je suis une fontaine, je suis transcendée, magnifiée, je n’en peux plus d’émotion. Dans le public, une poignée de fier fans lâchent une masse de ballons, et Brandon s’en amuse et en irradie de bonheur encore plus en concluant le mouvement par un “pas mal, mais regardez ce qu’on sait faire” et les refrains se retrouvent ponctués d’artifices et de flammes qu’on ressent jusqu’ici. Moi qui ait toujours trouvé que ce genre de choses ne servaient a rien dans la surenchère, là, d’un coup, ça a tout son sens et mes émotions ne savent plus ou se mettre tellement elles sont chamboulées. Tout mis bout à bout donne une alchimie ivre de perfection, et j’en suis contrainte de me rassoir un instant pour reprendre mes esprits.

Oui, sauf que forcément, cette grosse bande de vicelards ont décidé que quitte à me laisser sur le carreau, autant le faire complètement, et on arrive au titre que j’attendais le plus, parce que ma chanson qui m’a fait comprendre que j’étais peut être plus amoureuse de ce groupe que je n’acceptais de l’avouer…Human. Et me revoilà debout, bras en l’air, a hurler du refrain à m’en crever les poumons, mais franchement, j’en ai rien a fouttre, ce serait une putain de mort. Fait extrêmement curieux, vu que nous sommes seules dans notre bloc à être debout, je suis persuadée de voir Brandon nous dévisager et nous sourire, mais, de peur de passer pour une folle avec les filles, je le garde pour moi. Je n’oserai leur en faire part qu’une fois le concert fini, et devinez quoi…On est trois à s’en être rendues compte et a avoir fermé nos gueules de peur de passer pour dingue auprès des deux autres. Dites donc, monsieur Flowers, vous avez donc les yeux partout…Enfin, c’est sur ce titre surpuissant que je me rends compte qu’il fait bon être en vie, et que toutes les emmerdes valent bien le coup pour arriver a pareil bonheur. Et les deux inséparables empoignent la foule et refusent de la laisser partir….

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(oui oui, il y a bien un foutu guitariste génial caché sous le mouton)

Histoire de faire perdurer le bordel, Brandon continue de nous raconter sa life (vas y, mon canard, ça me permet de tenter de réunir mes esprits explosés entre ici et Vegas) avant de fouttre un bâton de dynamite au milieu de la fosse et d’y fouttre le feu avec un de leur plus gros titres, Somebody Told Me.

Je tiens alors a rappeller que nous ne sommes qu’a huit titres du début, que je n’ai plus de voix, que j’ai déjà perdu deux fois mon poids en sueur, que mon cerveau est déjà retourné, mon coeur a été enlevé de son écrin, depoussiéré, remis à neuf et remis à sa place, et mon âme est partie dévaliser les casinos de Vegas sans trop s’en faire pour moi. Huit. Titres. Je fais le compte, j’en ai pour au moins encore dix.

Je vais mourir de bonheur avant la fin, ça me parait clair.

Enfin, le gros hit de Hot Fuss s’assure que je reste à la fois très vivante et que je sois en même temps complètement hors service, tuée par une perfection overload. C’est malin. Et même si mes cordes vocales sont mortes depuis vingt bonnes minutes, je continue de brailler comme une moutonne, quitte a m’en tuer la gorge. Je profite de l’entre titre pour tenter de reprendre un semblant de capacité de braillage, espérant pouvoir embrasser un demi-répit…

Et quinze secondes plus tard, je me retrouve à gueuler a qui veut l’entendre AND WHAAAAT ARE YOUUU MAAADE OOOOOF ? FLEEEEESH AND BOOOONE.

Yo Flowers, tu m’dois deux cordes vocales, une paire de poumons ET UNE RESERVE DE LARMES GROSSE COMME LE LAC MAJEUR. Et ca l’amuse, ce con. Plus on braille, plus il nous demande de brailler, et on rentre dans un cercle vicieux ou on finit par plus chanter que lui. FEIGNASSE.

Remarquez, on va le calmer, le phenomène, en lui plantant dans les mains de quoi refroidir ses ardeurs. For Reasons Unknown est le seul titre du set où ils sont tous musiciens, et on voit la différence tout de suite. Le voilà contraint d’arrêter de sauter partout et d’aller voir a droite à gauche ce qui se passe, et je ne peux m’empêcher de sourire en admirant la semi-frustration du “mais je veux aller faire le clown et je peux paaas”, qui ne semble pas n’amuser que moi, mais aussi Dave qui le toise de haut deux ou trois fois genre “aaah il fait moins le malin, hein”. D’un coup, je me sens incroyablement complice avec mon guitariste chevelu, ce qui ne fait que renforcer encore ma sensation d’être en train de connecter non pas avec un ou deux membres, mais avec tout le groupe. Ca représente un tout. Je vois bien un groupe. Un ensemble parfaitement articulé.

Le titre suivant, prouvant a quel point je me suis complètement pris un coup de pelle dans la gueule et mon cerveau ne fonctionne plus totalement bien, je me prends un fou rire, un vrai, un dingue, un truc a pleurer de rire pendant deux minutes. From Here On Out que je ne reconnais pas de suite, donnant lieu a un “mais c’est un nouveau titre” du plus bel effet, alors que, réalisant ma connerie, je suis totalement hilare et je gueule avec ce que je n’ai plus de voix les refrains comme pour dire à Brandon “t’as vu, sisisi je la connais, hein !!”. Un fou rire en plein concert. Celle là, on ne me l’avait jamais faite…

Heureusement que j’ai tant ri pendant ce moment, parce que le titre qui a suivi s’est trouvé être celui qui m’a le plus marquée de tout le concert. Le moment où j’ai cru perdre la raison tellement j’étais émue, boulversée, tellement c’était au delà des mots et au délà des larmes.

Brandon discute avec nous, nous raconte que la devise de Vegas n’est pas aussi vicieuse que ce qu’on croit, il rigole, puis il commence à nous parler de ce titre qu’il a écrit pour raconter l’histoire de ses parents, qu’il a perdu ces dernières années. Je sais que nous arrivons a A Dustland Fairytale, que c’est sa chanson préférée, et une des miennes aussi, mais je suis surtout loin, très loin d’imaginer ce que Brandon va nous offrir en terme d’émotion, de perfection, de sens et de magie.

Pendant deux bonnes minutes, je vais être le souffle physiquement coupé. Incapable de respirer entre les sanglots, je suis noyée, connectée à Brandon comme jamais je n’aurais pu rêvé être connectée a une idole de toute ma vie. Chaque mot, chaque note résonne en moi avec une force impossible à qualifier, et mentalement, je leur fais, je lui fais la promesse de ne pas les lâcher de si tôt, tant que je trouverai des moments aussi parfaits, aussi ivres de perfection, d’émotion, de magie, de quelque chose que les mots humains ne peuvent pas qualifier. Oh oui, je chantais, mais j’essayais surtout de me montrer plus forte que ses mots, et je n’y suis pas parvenue. Personne ne pourra jamais m’enlever le sentiment que j’ai vécu, là, durant ces quatre minutes, le moment le plus boulversant de toute mon existence, et surtout, personne ne m’arrêtera plus pour aller le chercher encore et encore et encore et encore, ce moment. Tant que je sais que ces instants là sont à ma portée, je suis pratiquement immortelle.

Presque aussi ému que moi, Brandon fini mon îlot de beauté près de Dave, et entame les premières notes a cappella ou presque de la reprise de Forever Young, et même si je ne connais que le refrain, lorsque nos voix se lient à la sienne si belle, si…Si forte, si parfaite, si teintée de tellement de choses, nous sommes tous jeunes pour toujours, comme si le temps avait vraiment décidé de nous accorder un répit dans sa course, comme si plus rien ne pouvait plus compter. Comme si tout était en suspend, et qu’il n’appartenait qu’a nous de décider de ne pas le faire repartir. J’ai cru rêver éveillée. Je l’ai peut être fait.

Histoire de reprendre une logique certaine et de nous ramener à ces mots magnifiques qu’ils savent écrire, nous voilà sur Read My Mind, que j’ai toujours adorée, et que je n’ai que plus aimée encore. Elle est tellement spéciale, elle est tellement particulière, tellement fière de la manière dont Brandon écrit, dont il donne vie à des émotions, que d’un coup, c’est un hymne. Vient le lire, mon esprit, Brandon, vient y voir toute la beauté que tu as su y mettre. Boum, pour la 213460708604835096069854e fois de la soirée, je suis branchée sur la ligne haute tension Vannucci / Stoermer / Keuning / Flowers, et qu’importe que je m’électrocute encore. Je ne crois pas avoir jamais été aussi heureuse avant.

Runaways ne vient que prolonger encore cet état, et pour un petit instant, je cesse de chanter et de bouger pour apprécier ce brin de voix qui sort de nulle part, mais qui est d’une puissance que je n’avais pas connue jusqu’ici. Il est absolument sidérant, je n’ai pas souvent l’occasion de trouver que les voix de mecs sont si belle, mais celle de Brandon est un don du ciel, un truc qui tient du mirâcle. Ce qu’on entend sur le studio, ce qu’on trouve déjà beau a en poignarder l’âme à cet état là n’est qu’un échantillon de ce qu’il est en vrai. C’est…Troublant. Toutes les fées s’étaient donc donné rendez vous autours de ce berceau-là…

Prenons un instant pour apprécier Ronnie, qui, du haut de son promontoire, est littéralement une boule d’energie genre Dragon Ball, un truc que si tu le regarde trop, tu finis hypnotisé et convaincu que tu pourrais changer de religion pour faire de lui ton unique dieu. C’est moi ou ca commence a sentir l’origan dans la foule ? Mention spéciale à Dave, qui, à ce moment de l’aventure en est au stade ou la moitié de ses bières finissent dans le public. Sens du partage, en plus d’être parfait. Quand à Mark, il est tellement dans ce qu’il fait que quand je m’attarde sur lui, je finis par en oublier le mormon. C’est dire !

Au stade ou j’en suis quand All These Things That I’ve Done arrive, je suis encastrée dans le mur, soufflée de la plus fabuleuse des façons, et je n’ai plus aucune prise avec la réalité, je flotte quelque part entre ici et ailleurs.  La chanson dure initialement quatre minutes quelque chose, mais passée entre les mains du fou furieux, là, elle devient infinie, parce que même quand on croit que c’est fini, il nous rajouter une paire de I got Soul but I’m not a Soldier, et nous fait chanter, et en rajouter, limite si il faut pas que Dave le traine hors de scène pour le rappel, tellement on a la sensation qu’il est tellement bien avec nous qu’il pourrait faire durer la chanson encore dix ou vingt minutes.

Le court flash qu’a duré l’avant rappel m’a permis de mesurer la claque que j’étais en train de prendre, enfin, le coup de boule de Zidane, mais aussi que je n’étais pas dans un état de presque depression comme je le suis toujours pendant un rappel. Je suis juste tellement chargée de bonheur que rien ne peut me toucher, et un souffle plus tard, ils sont de retour, mon sourire sur pattes est presque encore plus souriant, et c’est repati pour Jenny Was A Friend Of Mine. La ligne de basse, les gens. LA. LIGNE. DE. BASSE. Mark a été mon dieu pendant cet instant-là, et tout autre morceau a base de basse n’arrivera plus a equivaloir à ça. Même Brandon, je ne le voyais plus. Même Dave (C’est dire). Si je n’avais a retenir que cela de cette chanson, je le ferais, mais c’est faire l’impasse sur l’energie, la folie, l’espèce de magie sortie d’un album qui a dix ans et qui fait encore illusion aujourd’hui. Wow. Re-Wow. Double Wow.

Pour ne pas laisser tomber cette dinguerie, nous voilà avec le titre qui symbolise le plus de choses à mes yeux, When You Were Young. C’est mon fil rouge, celui qui fut le seul a ne pas être du Muse dans mon ipod colonisé par le Devon, celui que j’ai toujours porté haut et fort comme une fierté, celui que j’ai toujours décrit comme étant une bête de monstre. Eh ben en live, c’est un troupeau de monstres a lui seul. Et Brandon ne s’économise pas, bordel. Il donne, et il va chercher des notes perchées plus haut que le soleil, et il encourage tout le monde a le suivre, et il tient la salle dans sa main, dans sa poche, et il entraîne un pays entier derrière lui, et il ne lâche rien, et ça devient presque hypnotique tellement il nous tient aux tripes et à la gorge. C’est de la folie pure. C’est dingue. C’est au délà de l’entendement. Ca dépasser mon imagination. Mes rêves de live les plus fous. C’est tout simplement un degrès de beauté qui tient du divin.

Toutes les bonnes choses ont une fin, mais chez The Killers, au lieu d’une fin bâclée, vite fait bien fait, on fait durer les choses avec plaisir, on les étire jusqu’au bout du bout, jusqu’à ce que tout soit dit et tout soit vécu et tout soit fait et jusqu’à ce que les aurevoir ne soient que quelque chose de mérité et de du, qui ne fait même pas mal parce qu’on a vécu du rêve de bout en bout.Battle Born vient finir cette soirée…Cette soirée de ma vie, ce moment de beauté parfaite de la plus magique des façons, en rappellant cette force née de leur musique, ce que j’en retire, ce qui me tient encore en vie et me rapproche sans cesse du coeur même de ma propre existence, ce qui vient solidifier mes bases, renforcer mes fondations, rappeller ma propre victoire sur moi même chaque fois que je me souviens qu’il existe ce paradis-là qu’est la musique, leur musique, là, à portée, toujours. Et quand la chanson approche inexorablement la fin, mon voleur d’âme, de coeur, s’amuse a décider qu’il n’en est pas question, et nous présente toute sa troupe, musiciens additionnels inclus, et ne cesse d’être plus que drôle, il en devient comédien. Quand il nous présente Mark en nous annonçant que si sa basse nous a fait un drôle d’effet, qu’il ne faut pas en avoir honte et que ça lui arrive aussi, j’en suis au stade ou j’en pleure de rire. Brandon m’a fait pleurer de rire. Comment ne pas porter en trésor de pareils moments ? Comment ne pas applaudir a tout rompre quand ils saluent, comment ne pas vouloir leur décrocher un bout de lune pour les remercier de ces quasi-deux heures passés sur une planète ô combien heureuse, comment resister a ce dernier éclat de perfection avant de les laisses s’échapper sur la promesse de se retrouver très vite (le lendemain, SI CETTE PUTE DE NEIGE N’ETAIT PAS VENUE S’EN MELER).

Eh ben quand je retrouve la terre, je ne suis plus que bonheur. Que joie. Que force. J’ai assez d’energie pour sautiller comme un cabris en rejoignant la sortie des artistes (et en prenant cent seize ans pour traverser cette putain de route de merde qui mène au graal), et en dépit du froid, qui ne tente rien n’a rien, hein ! Je n’espère rien, d’ailleurs, j’ai déjà tout eu. Sur place, je fais connaissance de Cristina, un amour d’italienne, et de deux nanas russes (qui semblaient croire que Brandon = the killers, d’ailleurs, ce qui est légèrement agaçant) (non, bon, j’avoue, je leur en aurait collé une, mais bon…) et on est victimes de vigiles extrêmement inventifs dans l’art de tenter de nous décourager, ma version favorite étant “oui mais y’a un bus aux vitres fumées qui va partir sous escorte de la police”.

Euh…Hein ?! Mec, tu m’as prise pour une buse ! C’est jamais “que” The Killers, pas la reine ou Obama, hein. Faudrait revoir vos copies, les mecs…

Cela faisait une heure qu’on se pelait le cul (quoique moi, je me pelais juste ce que j’avais de pas couvert) quand, venant de nulle part, est arrivée la plus grosse hallucination que je me suis jamais payée. Un truc qui a fait sauter tous les plombs de mon cerveau.

Disons qu’au loin, ca ressemblait a un mec aux cheveux frisés habillé comme en plein été (dit-elle avec son decolleté par moins neuf). Sommes toutes, rien de méchant.

Mais mon illusion s’est soudainement rapprochée, et j’ai du lâcher un “putain c’est Dave” qui devait, a l’écoute, plus ressembler a “pffffuuuuuuuuuttttttttaaaaiiinnnn féééééééééé dafe”. C’est a ce moment là que je me dis qu’un truc est en train de déconner avec ma tête, que je ne vais pas articuler trois mots intelligibles (d’ailleur, est-ce que je parle encore anglais ? PAS SI SURE) et que c’est la meeeerde parce que oh mon dieu c’est quand même un peu mon préféré alors euh hein bon.

En plus il a les yeux qui pétillent. Dave bourré. MESUREZ MA CHANCE.

Bref. L’animal vient gentiement vers nous (SES BOUCLES. CE MEC A DES CHEVEUX PAS HUMAINS. ELLES SONT BRILLANTES GENRE PUB POUR UN COIFFEUR. C’EST PAS NORMAL), nous fait savoir que puisque nous attendons dans le froid nous devons avoir ce que nous sommes venues chercher (IL A DES PRINCIPES AVEC SES FANS CE MEC EST TROP JENFGJOERNGFJRBGNJRBGJBGJBEGJBFGJRGB), et pendant que je tente de comprendre le pourquoi du comment, je réalise qu’il faut que je récupère ma jaquette de Day & Age qui est je ne sais pas ou (oui bon hein, ma tête a un peu sauté à ce moment là et récupérer mes fonctions cérébrales était bien plus rock and roll qu’il n’y parait) et alors que personne ne parvient vraiment a parler, vla ti pa qu’il commence a me sermonner genre adorable (GENRE MON PERE OUI !!!!) parce que je dois mourir de froid, que je vais être malade, et que c’est pas possible. Dis donc, tu voudrais pas plutôt t’occuper de ton FOUTU chanteur plutôt, oui ? Ceci dit, j’étais extrêmement touchée. Quand la jaquette est retrouvée, me voilà a rechercher sa page…Et sans son aide a grand coup de “là, cette page, c’est moi” j’y serais probablement encore à l’heure qu’il est. Une photo avec ma tête de “WTF is happening to me” plus tard, des remerciements a yeux de chouette droguée pour ce soir et DES EXCUSES POUR LES CONCERTS ANNULES plus loin, le rêve s’achève sur une expression a crever de rire quand je lui dit “A demain”, genre “hein, quoi, mais t’es en Hollande, demain c’est Paris, comment est-ce que…”.

SAM_0363(Mis a part ça, ça se voit pas du tout que j’ai pris l’équivalent du poids du Dome sur le coin de la gueule, hein !)

Comme si la soirée n’avait pas été assez parfaite DEUX FOIS DE SUITE, on va avoir un moment de pur WTF en reprenant le taxi une fois que les bus seront partis (pour rester coincés sur la route sous la neige, ILS AURAIENT MIEUX FAIT DE RESTE A AMSTERDAM ET NOUS AUSSI), puisqu’on tombe sur un taxi disco. Une fois partis, boule a facette, karaoké années 80 et micro avec reverberation a mort jusqu’a l’infini, et nous voilà avec le plus gros fou rire de l’année. Fallait voir le chauffeur play backer sur Wannabe des Spice girls, tiens !!!

Après pareille journée, une douche en express, puis un train pour Paris. Très vite, alors qu’on est arrêtés à Bruxelles sous la neige, je commence a lancer la phrase qui fait peur “si nous, on est immobilisés par la neige, alors eux…?” Sans le savoir encore, je viens de mettre le doigt sur ce qui va nous priver de Paris. Dix heures pour rejoindre la capitale, eux ne la rejoindront jamais a temps. A 18 heures, ce que nous craignions tous tombe : ils sont bloqués sur l’aire de Maurepas, a cent kilomètres de Paris, et la tournée est prématurément stoppée. Sur la capitale, vingt centimètres d’une neige handicapante et glacée.

Aujourd’hui, ils sont rentrés a Vegas non sans mal, nous à Brest, non sans mal non plus (même que mes copines c’est les meilleures du monde, spéciale dédicace Mariam bis et Gaelle), et la date parisienne n’est pas encore ni connue ni annulée. Mais je sais une chose : je suis prête à tout pour recommencer encore.

Six jours ont passé depuis Amsterdam, et je suis toujours aussi heureuse et bondissante. Quelque chose a depassé l’entendement ce soir-là, et le simple fait de savoir que je peux avoir accès à quelque chose d’aussi magique me rend plus forte, plus sereine, plus heureuse. Cette expérience, malgrè ses deconvenues, reste et demeure la plus belle de toute ma vie.

Bring on June…